La Terre de chez nous

Un vaccin qui n’a pas encore fait ses preuves

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LORELEI CORSAUT Étudiante à la maîtrise, Groupe de recherche sur les maladies infectieus­es en production animale et Centre de recherche en infectiolo­gie porcine et avicole (CRIPA), Faculté de médecine vétérinair­e, Université de Montréal Saint-Hyacinthe MARIELA SEGURA

Professeur­e titulaire, CRIPA MARCELO GOTTSCHALK

Professeur titulaire, CRIPA PAISLEY CANNING

South West Ontario Veterinary Services, Listowel, Ontario MARTY MISENER

South West Ontario Veterinary Services, Listowel, Ontario

Streptococ­cus suis est un pathogène affectant les porcelets postsevrés et causant des pertes économique­s importante­s dans l’industrie porcine. En conséquenc­e de la restrictio­n de l’usage d’antibiotiq­ues, la seule mesure préventive est basée sur les vaccins autogènes composés de bactéries inactivées ou bactérines, dont l’effet protecteur est controvers­é et reste à être étudié.

Les vaccins autogènes utilisés sur le terrain sont composés de la souche ou des souches causant des problèmes cliniques dans la ferme où le vaccin est administré. L’objectif de notre travail était de mesurer, pour la première fois, l’efficacité d’un autovaccin sur le terrain de façon détaillée.

Nous avons évalué deux stratégies vaccinales fréquemmen­t utilisées : la vaccinatio­n active des porcelets et la vaccinatio­n des truies permettant le transfert de l’immunité maternelle aux porcelets. Une ferme ayant des problèmes de Streptococ­cus suis en postsevrag­e a été sélectionn­ée pour l’étude à deux volets.

Des porcelets provenant de truies non vaccinées ont reçu le vaccin autogène (préparé par une compagnie accrédi

Un programme de vaccinatio­n actif ou passif des porcelets à l’aide de la bactérine autogène n’a pas induit de protection durable chez les porcelets

tée) pendant la première semaine de vie et au sevrage, à 3 semaines d’âge. Ensuite, des prises de sang ont été effectuées à 1, 3, 5 et 8 semaines d’âge. Des truies ont reçu le même vaccin à 5 et 3 semaines avant mise bas. Des prises de sang ont été réalisées à 5 et 1 semaines avant mise bas, tandis que celles de leurs porcelets l’ont été à 1, 3 et 5 semaines d’âge afin de mesurer la présence d’anticorps maternels.

Étant donné que les anticorps sont des acteurs importants qui agissent durant la réponse immunitair­e pour éliminer la bactérie, la réponse au vaccin a été mesurée sérologiqu­ement par les niveaux d’anticorps et aussi cliniqueme­nt par les signes cliniques et l’utilisatio­n des traitement­s injectable­s. Également, l’effet protecteur des anticorps induits par le vaccin a été évalué par test de « killing » in vitro mesurant la capacité des anticorps à provoquer la mort des bactéries. Pour le volet 1, la vaccinatio­n des porcelets n’a pas induit de réponse immunitair­e mesurable, même après deux doses du vaccin. Pour le volet 2, un fort taux d’anticorps protecteur­s, principale­ment d’origine maternelle, a été observé chez les porcelets âgés de 1 semaine de vie, indépendam­ment de la vaccinatio­n des truies. Ces anticorps d’origine maternelle chutent rapidement après 3 semaines de vie, juste après le sevrage, et avant la période critique de la maladie. Toutefois, l’analyse de la réponse anticorps des truies montre une légère augmentati­on après deux doses du vaccin, sans pour autant améliorer le transfert vers les porcelets. Concernant la mortalité et la morbidité, aucune différence significat­ive n’a été observée entre les groupes vaccinés et non vaccinés, autant pour le volet 1 que le 2.

En conclusion, un programme de vaccinatio­n actif ou passif des porcelets à l’aide de la bactérine autogène n’a pas induit de protection durable chez les porcelets postsevrés dans cette étude. Une améliorati­on de la formulatio­n du vaccin serait probableme­nt nécessaire.

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La formulatio­n du vaccin contre Streptococ­cus suis chez les porcelets reste à améliorer.

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