Les coûts d’assurance explosent
Le coût de l’assurance a explosé en milieu agricole. Des producteurs le dénoncent, l’UPA s’en inquiète et les assureurs tentent de s’expliquer.
Des agriculteurs d’un peu partout au Québec dénoncent des hausses majeures de prix de leur police d’assurance, tandis que d’autres ont tout simplement de la difficulté à faire assurer leur ferme. Les courtiers et compagnies d’assurance confirment cette situation, justifiée par le manque de rentabilité qu’ils accusent et le trop grand nombre de pertes totales dans le milieu agricole.
Le producteur Hervé Barjol, de SaintAlexandre en Montérégie, est tombé en bas de sa chaise en constatant que le prix de sa couverture d’assurance bondissait de 60%. À vrai dire, la compagnie qui l’assurait s’est retirée du marché, ce qui ne lui a laissé que 30 jours pour faire assurer ses biens agricoles ailleurs. Les autres compagnies lui chargeaient 60 % plus cher, soit 8 000 $ en extra, s’il voulait encore que ses serres soient assurées contre le vent et le poids de la neige.
Danick St-Pierre est un courtier d’assurance spécialisé en agriculture chez Lussier Dale Parizeau, une firme qui détient 28 bureaux répartis de l’Outaouais jusqu’en Gaspésie. Il estime que le prix des polices a augmenté en moyenne de 10 à 20 % cette année pour les fermes. Cette hausse pourrait se répéter l’an prochain, croit-il.
Stressant
La situation est particulièrement angoissante pour les producteurs qui peinent à se réassurer, dépeint Serge Gosselin, un autre courtier spécialisé en milieu agricole dont le cabinet est situé à Huntingdon, en Montérégie. Il donne l’exemple d’une ferme laitière de son secteur valant près de 3 M$. L’assureur a refusé, cet été, de continuer à lui fournir ses services. « Le producteur a été un mois sans assurance. C’était très stressant pour lui. Et il a dû effectuer des travaux prioritaires pour qu’un autre assureur accepte de le couvrir, en plus de s’engager à effectuer d’autres travaux », rapporte-t-il.
Dans les Laurentides, trois maraîchers sont bloqués dans l’implantation de leur ferme en raison d’un refus des compagnies d’assurances de les assurer, notamment parce qu’ils sont en démarrage ou encore parce qu’ils sont établis sur une terre louée. « Ça nous coince, car il faut une preuve d’assurance pour pouvoir financer l’achat d’équipement, pour être admissibles aux subventions, etc. », s’exaspère Léandre Chagnon, qui cultive une terre à Brownsburg.
Un problème généralisé
Le directeur général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Charles-Félix Ross, confirme que le problème des assurances est généralisé dans toutes les régions agricoles du Québec. Son organisation a l’intention d’en faire une priorité. « Ça va en empirant, affirmet-il. Dès le début de 2020, on veut rencontrer les principaux assureurs. On va demander qu’ils donnent des délais plus raisonnables aux producteurs [qui doivent conformer leurs installations], parce que ça met une pression énorme sur les entreprises agricoles. » Selon M. Ross, l’UPA veut aussi analyser la hausse de prix des primes. Si c’est de l’abus, l’organisme s’affairera à trouver des solutions.