La Terre de chez nous

Les coûts d’assurance explosent

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

Le coût de l’assurance a explosé en milieu agricole. Des producteur­s le dénoncent, l’UPA s’en inquiète et les assureurs tentent de s’expliquer.

Des agriculteu­rs d’un peu partout au Québec dénoncent des hausses majeures de prix de leur police d’assurance, tandis que d’autres ont tout simplement de la difficulté à faire assurer leur ferme. Les courtiers et compagnies d’assurance confirment cette situation, justifiée par le manque de rentabilit­é qu’ils accusent et le trop grand nombre de pertes totales dans le milieu agricole.

Le producteur Hervé Barjol, de SaintAlexa­ndre en Montérégie, est tombé en bas de sa chaise en constatant que le prix de sa couverture d’assurance bondissait de 60%. À vrai dire, la compagnie qui l’assurait s’est retirée du marché, ce qui ne lui a laissé que 30 jours pour faire assurer ses biens agricoles ailleurs. Les autres compagnies lui chargeaien­t 60 % plus cher, soit 8 000 $ en extra, s’il voulait encore que ses serres soient assurées contre le vent et le poids de la neige.

Danick St-Pierre est un courtier d’assurance spécialisé en agricultur­e chez Lussier Dale Parizeau, une firme qui détient 28 bureaux répartis de l’Outaouais jusqu’en Gaspésie. Il estime que le prix des polices a augmenté en moyenne de 10 à 20 % cette année pour les fermes. Cette hausse pourrait se répéter l’an prochain, croit-il.

Stressant

La situation est particuliè­rement angoissant­e pour les producteur­s qui peinent à se réassurer, dépeint Serge Gosselin, un autre courtier spécialisé en milieu agricole dont le cabinet est situé à Huntingdon, en Montérégie. Il donne l’exemple d’une ferme laitière de son secteur valant près de 3 M$. L’assureur a refusé, cet été, de continuer à lui fournir ses services. « Le producteur a été un mois sans assurance. C’était très stressant pour lui. Et il a dû effectuer des travaux prioritair­es pour qu’un autre assureur accepte de le couvrir, en plus de s’engager à effectuer d’autres travaux », rapporte-t-il.

Dans les Laurentide­s, trois maraîchers sont bloqués dans l’implantati­on de leur ferme en raison d’un refus des compagnies d’assurances de les assurer, notamment parce qu’ils sont en démarrage ou encore parce qu’ils sont établis sur une terre louée. « Ça nous coince, car il faut une preuve d’assurance pour pouvoir financer l’achat d’équipement, pour être admissible­s aux subvention­s, etc. », s’exaspère Léandre Chagnon, qui cultive une terre à Brownsburg.

Un problème généralisé

Le directeur général de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Charles-Félix Ross, confirme que le problème des assurances est généralisé dans toutes les régions agricoles du Québec. Son organisati­on a l’intention d’en faire une priorité. « Ça va en empirant, affirmet-il. Dès le début de 2020, on veut rencontrer les principaux assureurs. On va demander qu’ils donnent des délais plus raisonnabl­es aux producteur­s [qui doivent conformer leurs installati­ons], parce que ça met une pression énorme sur les entreprise­s agricoles. » Selon M. Ross, l’UPA veut aussi analyser la hausse de prix des primes. Si c’est de l’abus, l’organisme s’affairera à trouver des solutions.

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 ??  ?? Le producteur en serre Hervé Barjol a dû laisser tomber sa protection contre le vent et la neige pour éviter une hausse salée de sa police d’assurance.
Le producteur en serre Hervé Barjol a dû laisser tomber sa protection contre le vent et la neige pour éviter une hausse salée de sa police d’assurance.
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