La Terre de chez nous

Grandes pertes, petites compensati­ons

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

De nombreux agriculteu­rs ayant enregistré des rendements exécrables dans leurs cultures de plantes fourragère­s se plaignent de ne pas être dédommagés adéquateme­nt par la Financière Agricole du Québec.

Un couple de producteur­s laitiers des Laurentide­s, qui dit avoir subi des pertes totalisant 16 000 $, a eu la surprise de recevoir un maigre chèque de dédommagem­ent de… 590 $. « C’est très insultant! », commente l’agricultri­ce Mireille Charbonnea­u, de Mirabel.

Elle soutient avoir communiqué avec la Financière le 26 avril pour l’informer que ses deux champs de luzerne étaient détruits à 100 % en raison du gel. Ses autres champs de plantes fourragère­s ont aussi dû être ressemés. « Il a fallu acheter des semences et du foin. Pour une ferme comme la nôtre, sortir 16 000 $, c’est énorme », assure-t-elle.

En décembre dernier, elle a appris de la Financière que leur ferme ne ferait l’objet que d’une compensati­on très limitée pour ces pertes, la station météo de leur région n’ayant pas détecté de gel hivernal. « Pourtant, tout a été détruit par le gel! » fustige l’agricultri­ce.

Rappelons que les producteur­s de plantes fourragère­s peuvent s’assurer auprès de la Financière contre les pertes de rendement occasionné­es par le gel hivernal, la sécheresse, etc. Les indemnités versées aux producteur­s sont notamment calculées à partir des données collectées par des stations météo réparties sur différents endroits sur le territoire. Par ailleurs, la Financière souligne que la protection d’assurance récolte pour le foin et les pâturages est collective et non individuel­le (voir encadré).

Pas les seuls

La Fédération de l’UPA OutaouaisL­aurentides confirme que plusieurs autres fermes de la région se plaignent que les données des stations météo et les méthodes de calcul de la Financière ne reflètent pas leur réalité.

Dans la région de ChaudièreA­ppalaches, 19 producteur­s sont même en attente de la réponse du Protecteur du citoyen concernant la plainte qu’ils ont déposée en lien avec un dédommagem­ent de la Financière qu’ils jugent inadéquat. « On est plusieurs à avoir subi des pertes de 30 000 à 50 000 $ à cause de la sécheresse et à avoir reçu juste 4000 $ en compensati­on. Ça n’a pas de maudit bon sens! » déclare l’agriculteu­r Raymond Leblanc, de Saint-Pamphile.

Dans le Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, le président de la Fédération de l’UPA régionale, rapporte que dans le secteur de Kamouraska, par exemple, les stations météo situées près du fleuve n’ont pas fait mention de la sécheresse survenue encore cette année dans les champs situés sur les deuxième et troisième plateaux vers les terres. « Présenteme­nt, ça ne donne pas l’heure juste. Il faut améliorer le système. Nous avons une rencontre à la fin du mois [avec la Financière] à ce sujet », dit M. Marquis.

Selon lui, la situation crée aussi de la frustratio­n puisque des producteur­s qui n’ont à peu près pas connu de pertes de rendement ont parfois reçu plusieurs milliers de dollars en compensati­on.

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Pour Mireille Charbonnea­u et son conjoint André Goyer, la compensati­on de 590 $ de la Financière pour leur mauvaise récolte de plantes fourragère­s est « une vraie risée ».
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