Grandes pertes, petites compensations
De nombreux agriculteurs ayant enregistré des rendements exécrables dans leurs cultures de plantes fourragères se plaignent de ne pas être dédommagés adéquatement par la Financière Agricole du Québec.
Un couple de producteurs laitiers des Laurentides, qui dit avoir subi des pertes totalisant 16 000 $, a eu la surprise de recevoir un maigre chèque de dédommagement de… 590 $. « C’est très insultant! », commente l’agricultrice Mireille Charbonneau, de Mirabel.
Elle soutient avoir communiqué avec la Financière le 26 avril pour l’informer que ses deux champs de luzerne étaient détruits à 100 % en raison du gel. Ses autres champs de plantes fourragères ont aussi dû être ressemés. « Il a fallu acheter des semences et du foin. Pour une ferme comme la nôtre, sortir 16 000 $, c’est énorme », assure-t-elle.
En décembre dernier, elle a appris de la Financière que leur ferme ne ferait l’objet que d’une compensation très limitée pour ces pertes, la station météo de leur région n’ayant pas détecté de gel hivernal. « Pourtant, tout a été détruit par le gel! » fustige l’agricultrice.
Rappelons que les producteurs de plantes fourragères peuvent s’assurer auprès de la Financière contre les pertes de rendement occasionnées par le gel hivernal, la sécheresse, etc. Les indemnités versées aux producteurs sont notamment calculées à partir des données collectées par des stations météo réparties sur différents endroits sur le territoire. Par ailleurs, la Financière souligne que la protection d’assurance récolte pour le foin et les pâturages est collective et non individuelle (voir encadré).
Pas les seuls
La Fédération de l’UPA OutaouaisLaurentides confirme que plusieurs autres fermes de la région se plaignent que les données des stations météo et les méthodes de calcul de la Financière ne reflètent pas leur réalité.
Dans la région de ChaudièreAppalaches, 19 producteurs sont même en attente de la réponse du Protecteur du citoyen concernant la plainte qu’ils ont déposée en lien avec un dédommagement de la Financière qu’ils jugent inadéquat. « On est plusieurs à avoir subi des pertes de 30 000 à 50 000 $ à cause de la sécheresse et à avoir reçu juste 4000 $ en compensation. Ça n’a pas de maudit bon sens! » déclare l’agriculteur Raymond Leblanc, de Saint-Pamphile.
Dans le Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, le président de la Fédération de l’UPA régionale, rapporte que dans le secteur de Kamouraska, par exemple, les stations météo situées près du fleuve n’ont pas fait mention de la sécheresse survenue encore cette année dans les champs situés sur les deuxième et troisième plateaux vers les terres. « Présentement, ça ne donne pas l’heure juste. Il faut améliorer le système. Nous avons une rencontre à la fin du mois [avec la Financière] à ce sujet », dit M. Marquis.
Selon lui, la situation crée aussi de la frustration puisque des producteurs qui n’ont à peu près pas connu de pertes de rendement ont parfois reçu plusieurs milliers de dollars en compensation.