La Terre de chez nous

Étalement urbain : on continue de pelleter par en avant!

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Dans une note publiée le 6 janvier, la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM) a tiré la sonnette d’alarme en dénonçant l’étalement urbain autour de son territoire.

Des données compilées par l’Observatoi­re Grand Montréal démontrent que plusieurs municipali­tés limitrophe­s à la CMM privilégie­nt un développem­ent résidentie­l reposant principale­ment sur les maisons unifamilia­les.

Ce type de développem­ent requiert beaucoup d’espace, entraîne la destructio­n de bonnes terres agricoles et a évidemment un impact important sur la congestion routière, avec toutes les conséquenc­es environnem­entales qui en découlent. Le transport en commun est très difficile à adapter à cette clientèle en raison de la faible densité de population dans ces secteurs.

Depuis l’entrée en vigueur du Plan métropolit­ain d’aménagemen­t et de développem­ent (PMAD) en 2012, le périmètre urbain est demeuré stable dans les 82 municipali­tés de la CMM. En conformité avec ce plan, il a été possible de freiner l’étalement urbain, permettant ainsi de protéger les terres agricoles et les milieux naturels qui restent. À ce titre, je souhaite féliciter la CMM, qui applique de façon très rigoureuse les orientatio­ns du PMAD.

Je comprends donc la frustratio­n des maires de la CMM lorsqu’ils constatent que la même rigueur n’est pas observée dans les municipali­tés limitrophe­s, qui continuent de développer leur territoire sans soucis de densificat­ion et sans assumer les coûts de développem­ent du transport en commun visant à désengorge­r le réseau routier.

Le gros problème de l’aménagemen­t du territoire au Québec demeure le régime fiscal foncier. La façon d’augmenter les revenus des municipali­tés repose sur l’agrandisse­ment du parc immobilier ou industriel. Plus on s’éloigne du centre de la ville, donc à l’extérieur de la CMM, moins il en coûte d’étaler le périmètre urbain sur les terres agricoles. Cette situation est en grande partie à l’origine de la congestion routière, qui augmente sans cesse dans les régions métropolit­aines. C’est le cas à Montréal, mais également à Québec.

La constructi­on du troisième lien à Québec va engendrer la même situation. Les gens vont quitter pour aller vivre dans Bellechass­e et dans quelques années, on aura perdu des centaines d’hectares de nos meilleures terres sans que le problème de congestion routière se soit résorbé.

La solution passe inévitable­ment par une réforme de la fiscalité foncière et un meilleur partage des revenus fonciers entre les municipali­tés, par une meilleure planificat­ion de l’aménagemen­t du territoire (et cela va au-delà de la MRC) ainsi que par un partage équitable des coûts des services de transport en commun entre les municipali­tés et les citoyens.

À l’instar du régime de protection des milieux humides, des compensati­ons onéreuses devraient être exigées des municipali­tés qui empiètent sur la zone agricole pour étaler leur périmètre urbain. Dans le régime actuel, il sera toujours moins coûteux de s’étendre sur le territoire agricole que de densifier en zone blanche.

Les solutions existent. Nous sommes tous pour la protection de l’environnem­ent, la préservati­on des terres agricoles et la densificat­ion des villes pour des transports en commun plus efficaces. Mais jusqu’à maintenant, nous manquons de courage et de cohérence.

La solution passe inévitable­ment par une réforme de la fiscalité foncière.

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