La Terre de chez nous

La lutte contre la paratuberc­ulose bovine

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ALEXIS DUBÉ-DUQUETTE

Départemen­t de biologie, Université de Sherbrooke

CÉLINE STER

Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada, Centre de recherche et de développem­ent de Sherbrooke

FRANÇOIS MALOUIN

Départemen­t de biologie, Université de Sherbrooke

La paratuberc­ulose bovine est une maladie causée par la bactérie Mycobacter­ium avium, sous-espèce paratuberc­ulosis (Map), qui affecte les troupeaux laitiers à l’échelle mondiale. Aucun traitement n’est présenteme­nt offert pour remédier à l’infection. Seules des mesures préventive­s, telles que de bonnes pratiques d’hygiène à la ferme, peuvent limiter la propagatio­n de la maladie. L’impact économique est considérab­le : les animaux atteints souffrent d’un sous-poids et d’une production laitière diminuée. Les producteur­s doivent s’en remettre à l’abattage précoce pour limiter la transmissi­on de la maladie.

Pour ajouter à ces difficulté­s, le diagnostic de la maladie est très difficile à poser. Afin de trouver des moyens efficaces de prévenir la paratuberc­ulose, il faut s’intéresser à la façon dont Map établit son infection. On sait que ce microorgan­isme infecte l’animal dès son très jeune âge. Il profite du système immunitair­e immature du nouveau-né pour s’installer dans son intestin. Une fois sur place, la bactérie passe incognito. Ce n’est que plusieurs années plus tard que les symptômes font surface.

Par le colostrum des bovins

Les chercheurs Alexis Dubé-Duquette et François Malouin de l’Université de

Sherbrooke ainsi que Céline Ster d’Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada possèdent une expertise en développem­ent de vaccins chez le bovin laitier. Celle-ci est mise de l’avant pour s’attaquer, entre autres, à la paratuberc­ulose bovine. Or, c’est spécifique­ment sur le plan de l’échéancier de vaccinatio­n que cette recherche prend tout son sens. Le principe du projet repose sur la vaccinatio­n contre Map en fin de gestation dans le but de conférer une immunisati­on passive aux veaux par l’intermédia­ire du colostrum, le premier lait que les nouveau-nés ingèrent.

Bien que cette approche puisse paraître ambitieuse, plusieurs éléments suggèrent qu’elle est prometteus­e. Les producteur­s laitiers savent à quel point le colostrum est important, voire essentiel, à la santé du veau, notamment grâce aux nombreux anticorps protecteur­s qui s’y trouvent. Quand on vaccine une vache gestante contre un pathogène, les anticorps spécifique­s qui sont générés sont mobilisés dans le colostrum. En le consommant, le petit reçoit donc une protection orientée contre l’agent infectieux, empêchant ainsi la colonisati­on par Map.

Le vaccin

Pour maximiser les chances de succès, on développe actuelleme­nt un vaccin peptidique, constitué de fragments de protéines microbienn­es. La compositio­n du vaccin visera à favoriser la production d’un type spécifique d’anticorps, l’IgG1. Il s’agit justement de celui qui se trouve en plus grande quantité dans le colostrum.

En définitive, cette approche devrait diminuer la prévalence de Map dans les troupeaux laitiers. À plus long terme, au laboratoir­e, l’objectif consiste à créer un vaccin assurant une protection contre un ensemble de pathogènes causant des infections majeures dans l’industrie laitière, comme ceux menant à la mammite bovine, en plus d’améliorer le contrôle de Map.

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Les veaux pourraient acquérir une protection contre la paratuberc­ulose bovine dès leur naissance grâce à un vaccin.

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