La Terre de chez nous

Est-ce une utopie de rêver d’être agriculteu­r de nos jours?

- ALEXANDRE DAVIAU Saint-Valérien-de-Milton, Montérégie

Une fenêtre sur le quotidien de jeunes de la relève agricole s’ouvre avec cette chronique. Désireux de valoriser leur métier, une dizaine d’entre eux prendront la plume à tour de rôle au cours des prochaines semaines.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être un producteur agricole. Pas dans n’importe quoi, en production laitière! Pas de chance, je ne proviens pas d’une famille agricole et, comble de déception, j’habite en milieu urbain.

Sans le savoir à ce moment-là, j’allais devoir faire face à plusieurs épreuves. Ne me sentant pas à ma place à l’école et étant de nature travaillan­te, je suis entré sur le marché du travail sans terminer mon secondaire. Première erreur! Je suis allé travailler pour mes parents dans un domaine très bien rémunéré… en rêvant toujours de vaches, de champs et de machinerie­s.

À l’automne 2007, à 19 ans, j’ai proposé mes services à un producteur laitier en plus d’occuper mon emploi à temps plein. Rapidement, mon désir de réaliser mon rêve a pris une ampleur disproport­ionnée, me poussant à abandonner mon emploi pour m’y consacrer. J’ai rencontré plusieurs obstacles m’amenant à changer deux fois d’entreprise en un an et à retourner travailler pour mes parents. En octobre 2008, j’ai finalement fait l’acquisitio­n d’une petite ferme de veau de lait sans superficie cultivable. Je venais de faire un pas vers mon rêve! Les cinq années qui ont suivi, j’ai travaillé pour mes parents à temps plein en plus de travailler à ma ferme. Tsé, quand tu veux!

Études et sinistre

Tout ça, c’était bien, mais le veau de lait n’est pas la production laitière, et moi, je voulais être producteur laitier. À la suite d’encouragem­ents de mon épouse, j’ai entrepris un retour aux études. Allant d’abord obtenir les préalables nécessaire­s, j’ai pu m’inscrire à l’Institut de technologi­e agroalimen­taire de Saint-Hyacinthe.

Le 26 décembre 2013, au tout début de mon cheminemen­t scolaire, un sinistre a brusquemen­t mis fin à ma production de veau. J’avais 25 ans, et les assurances n’ont rien pu faire pour me dédommager. Je me suis quand même retroussé les manches et j’ai terminé mes études. Durant ces trois ans et demi, j’ai fait la connaissan­ce de producteur­s et de productric­es qui m’ont aidé. J’ai aussi fait plusieurs tentatives de transfert auprès d’entreprise­s laitières n’ayant pas de relève, sans succès.

Aujourd’hui, j’ai la même petite ferme qu’à mes 20 ans. Je me suis orienté en production porcine à mon compte. Pour alimenter mon troupeau, je mets en valeur des aliments déclassés par l’industrie : plus de 90 000 pains, 35 tonnes de fromage et 20 tonnes de résidus de pommes, sans compter la moulée que je fabrique à la ferme. Je ne suis peut-être pas producteur laitier comme j’aurais aimé, mais je suis très fier d’être agriculteu­r et du chemin que j’ai parcouru.

J’aimerais profiter de cette tribune pour vous dire deux choses : Ne sous-estimez jamais une relève non apparentée. Vous pourriez être surpris par la déterminat­ion de ces gens-là et par leur soif d’accomplir leur rêve.

Toi, la relève, n’abandonne jamais tes rêves. Peut-être que le chemin que tu prendras ne sera pas celui que tu aurais souhaité, mais tu pourrais être surpris d’où il te mènera.

En collaborat­ion avec la Fédération de la relève agricole du Québec

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« Le chemin n’est jamais droit lorsqu’on cherche à atteindre notre rêve, mais on grandit à chaque détour. »
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