La Terre de chez nous

Alarmes pour travailleu­rs isolés

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@laterre.ca

SAINT-PAUL-D’ABBOTSFORD – L’automne dernier, l’entreprise Boire & Frères, de Wickham au Centre-du-Québec, a mis sur pied un projet pilote de radio portative permettant d’envoyer un signal en cas de détresse dans cinq de ses fermes d’élevage et de poulets de chair où les gestionnai­res travaillen­t seuls.

Cette décision fut prise après qu’un de ses gérants de ferme eut subi un infarctus du myocarde alors qu’il se trouvait au travail.

Constant Brodeur, qui est en poste à Saint-Paul-d’Abbotsford, se sent davantage en sécurité depuis qu’il a une radio portative accrochée à sa ceinture. Connecté à une centrale d’alarme, l’appareil baptisé Système d’alarme de détresse relié pour travailleu­r isolé (SADRTI) a été conçu par les TéléSystèm­es du Québec, de Saint-Hyacinthe. Il envoie un signal de détresse à la centrale d’alarme si l’appareil demeure en position horizontal­e pendant une minute, advenant par exemple une perte de conscience, une chute, un coincement dans une pièce d’équipement ou encore si le travailleu­r ne répond pas au signal sonore émis à toutes les 30 minutes (voir encadré).

Avec cette même radio, le travailleu­r peut aussi activer manuelleme­nt une alerte s’il éprouve un malaise. « Si j’avais eu ça [l’appareil] il y a cinq ans, peut-être que les ambulancie­rs seraient arrivés plus vite », témoigne M. Brodeur, qui a commencé à sentir des pincements au coeur durant la nuit alors qu’il avait dû se rendre au poulailler pour une vérificati­on. À son retour à la maison, près de la ferme, sa femme a rapidement constaté son état critique et a appelé les secours.

Agir pour prévenir

Dès qu’il est entré en poste chez Boire & Frères, il y a trois ans, le coordonnat­eur en santé et sécurité Eugène Poirier a senti l’urgence d’agir pour les travailleu­rs isolés au sein de l’entreprise. « Quand je suis arrivé, ça me tracassait. C’était une de mes hantises [les accidents de travail] », affirme-t-il.

Après avoir entendu l’histoire de M. Brodeur, il s’est dit : « Est-ce qu’on va vraiment attendre qu’il y ait une catastroph­e avant de faire quelque chose? ».

M. Poirier a donc proposé à son employeur de travailler en partenaria­t avec les TéléSystèm­es du Québec, qui fournissai­ent déjà un dispositif semblable pour les installati­ons de Scotts Canada, spécialisé dans la production de terreaux. Selon lui, ce système fonctionne­rait « très bien » dans plusieurs milieux agricoles. « Les producteur­s travaillen­t souvent seuls avec des équipement­s dangereux », souligne-t-il.

Un sixième gestionnai­re de l’entreprise pourra bénéficier de ce système au cours des prochaines semaines.

Il en coûte environ 2300 $ par site pour l’installati­on du SADRTI, indique Eugène Poirier. Selon lui, il s’agit d’un investisse­ment qui en vaut la peine, étant donné les coûts bien plus élevés que doit assumer une entreprise lorsqu’un employé couvert par la CNESST se blesse sur ses lieux de travail.

« Si j’avais eu ça [l’appareil] il y a cinq ans, peut-être que les ambulancie­rs seraient arrivés plus vite. » – Constant Brodeur

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Après avoir été victime d’un infarctus du myocarde alors qu’il se trouvait seul au travail, le gérant de ferme avicole Constant Brodeur se sent plus en sécurité avec la radio portative que lui a fournie son employeur, Boire & Frères, une initiative du coordonnat­eur en santé et sécurité Eugène Poirier.

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