Les agriculteurs demandent protection
L’UPA réclame une protection juridique et policière pour les producteurs, après que des activitistes antispécistes, liés au mouvement végane, eurent pris d’assaut la ferme porcine de Josiane Grégoire.
Depuis la toute première intrusion des activistes antispécistes dans une ferme – en l’occurrence un élevage porcin au Québec –, l’heure est grave pour l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui presse les autorités policières et Québec d’assurer la sécurité des producteurs et de leurs élevages.
À l’occasion du conseil général de l’UPA, la semaine dernière, les membres ont exprimé leur solidarité à l’endroit de la famille de Josiane Grégoire de la ferme Porgreg, à Saint-Hyacinthe, victime d’une introduction par effraction de militants animalistes en décembre dernier.
Lorsque les policiers sont arrivés à la ferme Porgreg vers 8 heures, le 7 décembre, ils n’ont pas procédé immédiatement à l’arrestation des militants animalistes qui occupaient la porcherie depuis plusieurs heures, a témoigné la copropriétaire Josiane Grégoire. Les agents ont attendu de recevoir les instructions de leurs supérieurs, donnant à entendre, pour justifier leur décision, que la situation était « très politique ». Ce n’est qu’aux alentours de 10h30 qu’ils ont procédé à l’arrestation des militants, a raconté Mme Grégoire lors de son témoignage au conseil général.
Exposé à ce déroulement des faits, le président général de l’UPA, Marcel Groleau, a signifié son intention de communiquer avec la Sûreté du Québec afin de « les sensibiliser à la nécessité d’intervenir efficacement » lors d’actes criminels similaires dans une ferme agricole. Il souligne que ces événements sont de plus en plus fréquents au Canada, comme l’a répertorié La Terre de chez nous l’automne dernier.
Dans ce contexte, le président général et producteur laitier a réaffirmé l’urgence que Québec légifère afin d’assurer la sécurité des producteurs. Car force est de constater que « la loi [actuelle] ne dissuade pas ce type de méfait-là », a-t-il affirmé. Selon lui, ces actes criminels « visent à imposer une idéologie par la diffamation, la propagande, la menace et la peur » et «ce type de dérapage […] doit être vigoureusement réprimandé ».
Tout récemment, un groupe de travail composé de représentants des ministères de la Justice, de l’Agriculture et de la Sécurité publique a été créé. « On leur a offert de collaborer et de donner notre point de vue, mais on a pas encore été contactés par le ministre [de l’Agriculture] sur cette question-là », indique M. Groleau.
Craintes
Le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, a également interpellé le gouvernement provincial afin «d’éviter une escalade » de ces gestes criminels. « Ils [les militants] vont continuer tant et aussi longtemps qu’on ne mettra pas un stop à ça », a-t-il prédit.
En entrevue à La Terre, M. Duval n’a pas caché sa peur que des producteurs réagissent violemment si d’autres militants s’introduisent sur leur propriété. Une préoccupation partagée par Marcel
Groleau, qui estime que « ce n’est pas tout le monde qui réagit de la même façon ». Il a d’ailleurs invité tout le monde à rester calme et à « ne pas se faire justice » advenant l’introduction illégale d’activistes sur leur propriété.
La Direction des affaires juridiques de l’UPA vient tout juste de publier un guide pour informer les producteurs de leurs droits et recours ainsi que sur les mesures préventives à adopter (https://www.upa. qc.ca/fr/bhlf-avocats/diffamation/). Un dépliant donnant les grandes lignes de cet avis sera distribué auprès des fédérations régionales de l’UPA prochainement. Un webinaire sera également offert le 13 février à tous les producteurs.
« Le fait d’être intimidés par ce qu’il se passe, c’est signe que ce n’est pas sain. [Les producteurs], on ne fait rien d’illégal, on ne fait rien de mal » – Marcel Groleau