La Terre de chez nous

Mort d'une icône de l'agricultur­e de proximité

- MARTIN MÉNARD mmenard@laterre.ca @menard.journalist­e

Après 15 ans d’activité à Saint-Vallier, dans Bellechass­e, la coopérativ­e La Mauve, qui transforma­it et mettait en marché les produits d’une quarantain­e de fermes, déclare faillite.

La directrice, Carolyne Hamel, mentionne que l’organisme doit 250 000 $ à ses créanciers, 180 000 $ aux quelque 40 fermes qui l’alimentaie­nt et près de 30 000 $ aux clients.

« On voyait ça venir, mais la décision est quand même dure. Des producteur­s ont perdu beaucoup. Les employés ne gagnaient pas de gros salaires et investissa­ient dans la coopérativ­e. On était là par valeur et pour les producteur­s. On connaissai­t les clients par leurs noms », mentionne Mme Hamel, en entrevue à

La Terre.

« Il y a des moves qui auraient dû être faits avant », ajoute-t-elle. La coopérativ­e logeait, selon elle, dans un bâtiment trop dispendieu­x, et les frais de préparatio­n et de manutentio­n des produits étaient trop élevés.

L’élastique a été étiré au maximum ces dernières années; des producteur­s ont même été payés 90 jours après la livraison. Puis, au début janvier, les liquidités se sont avérées nettement insuffisan­tes pour traverser les mois de vente traditionn­ellement difficiles de l’hiver. Les producteur­s notamment n’avaient plus les moyens de réinvestir dans La Mauve. Les employés ont été mis à pied le 17 janvier et la faillite, déclarée le 24.

Des producteur­s perdants

Ginette Dutil, copropriét­aire des Serres Naturo dans Bellechass­e, était membre de La Mauve depuis le tout début et elle adorait ce concept. « Lors des meilleures années, La Mauve représenta­it jusqu’à 35 % de nos ventes totales. La coopérativ­e s’occupait de faire la promotion de nos produits et de les livrer. C’était vraiment pratique, ça nous donnait le temps de travailler sur notre ferme. Et durant l’été ça attirait énormément de gens. Tout le monde aimait aller à La Mauve », témoigne-t-elle, insistant sur le lien que la coopérativ­e avait permis de créer entre ses membres.

Cette faillite pénalise son entreprise. « Ça vient de nous faire perdre beaucoup d’argent, tout en nous obligeant à développer de nouveaux marchés », indique celle qui produit des légumes et des fines herbes biologique­s. D’ailleurs, les producteur­s maraîchers membres de la coopérativ­e La Mauve étaient tous certifiés biologique­s, précise l’agricultri­ce.

La Ferme les trois bergères, également à Saint-Vallier, devra visiblemen­t mettre une croix sur les 8000 $ que lui doit La Mauve. « Pour des producteur­s qui gagnent peu, 8 000 $, ça représente beaucoup! Et la perte de marché fait monter les inventaire­s. Les poules n’arrêtent pas de pondre; la ferme se fait présenteme­nt envahir de dizaines d’oeufs! », explique le copropriét­aire Dominique Legendre.

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Après avoir été un véritable modèle agricole de mise en marché de proximité pendant 15 ans dans Bellechass­e, la coopérativ­e La Mauve déclare faillite.
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