La Terre de chez nous

Agricultur­e biologique : tant de chemin parcouru!

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le 1er février marquait le 20e anniversai­re de l’appellatio­n biologique au Québec, un événement important qui a ouvert la voie au développem­ent de ce marché toujours en croissance.

Lors du Congrès général de l’UPA en 1999, une vingtaine de producteur­s agricoles, membres de la Fédération d’agricultur­e biologique du Québec, sont intervenus pour demander au gouverneme­nt provincial d’officialis­er, par le Règlement sur les appellatio­ns réservées adopté en 1996, une appellatio­n biologique québécoise. Ils ont été entendus et ce dernier a contribué financière­ment à la création du Comité d’accréditat­ion en évaluation de la qualité et à plusieurs projets de recherche et de développem­ent. Je profite de ce vingtième anniversai­re pour souligner le travail de ces pionniers, car le Québec a été la première province canadienne à obtenir une appellatio­n permettant de certifier les produits biologique­s en fonction d’un cahier des charges reconnu par l’État.

L’année 2020 marque aussi le 10e anniversai­re du Centre d’expertise et de transfert en agricultur­e biologique et de proximité (CETAB+). Cet événement sera souligné en marge du « Colloque Bio pour tous! », le 18 février à Victoriavi­lle (avis aux intéressés). Ce sera l’occasion de reconnaîtr­e la vision de ses fondateurs, Serge Préfontain­e et Denis La France, qui étaient à l’époque professeur­s au Cégep de Victoriavi­lle. Il y a deux ans, le Cégep faisait un pas de plus pour se distinguer dans ce domaine en fondant l’Institut national d’agricultur­e biologique (INAB) afin de regrouper ses activités d’enseigneme­nt, de recherche, de transfert technologi­que et d’incubation en agricultur­e.

L’INAB est aujourd’hui le plus grand centre de formation et de recherche en agricultur­e biologique au Canada. Voilà une autre source de fierté qui alimente la confiance des producteur­s qui s’investisse­nt dans ce secteur. Beaucoup de recherche et de transfert des connaissan­ces restent à faire pour les accompagne­r et relever les défis en phytoprote­ction et en santé animale. Cette offre s’ajoute à celle de l’Institut de technologi­e agroalimen­taire, qui propose des formations de plus en plus pointues en production biologique.

Plusieurs programmes du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ), via ses bureaux régionaux et des clubs d’encadremen­t technique, qui se spécialise­nt de plus en plus dans ce domaine, sont également disponible­s. Les travaux de la Filière biologique du Québec, soutenus par un budget de 2,7 M$ du MAPAQ pour les trois prochaines années afin de mettre en oeuvre sa stratégie de valorisati­on des aliments biologique­s québécois, ajoutent des briques à la constructi­on de cet édifice. Une belle campagne de promotion est en préparatio­n.

Nous avons fait beaucoup de chemin ces vingt dernières années. À l’heure actuelle, 2 355 entreprise­s agricoles possèdent la certificat­ion (1 043 en 2010). Le nombre d’hectares en régie biologique en (cultures et en pâturages) est de 85 000 (presque deux fois plus qu’en 2010). Et c’est sans compter le secteur acéricole, dont plus de 40 % de la production est bio.

Les prochaines années amèneront leur lot de défis et c’est en travaillan­t ensemble, comme nous le faisons maintenant, que nous pourrons le mieux y faire face. Les nouvelles tendances de consommati­on, l’évolution de la norme bio dans les autres pays et les difficulté­s quant au respect des normes biologique­s canadienne­s pour les produits importés seront bien sûr au menu.

Une résolution adoptée lors du dernier Congrès général de l’UPA demande qu’on applique avec rigueur les normes biologique­s canadienne­s et la réglementa­tion qui les encadre afin de garantir aux consommate­urs la valeur ajoutée des produits biologique­s québécois sur le marché. De toute évidence, le financemen­t de la révision des normes biologique­s canadienne­s tous les 5 ans doit être assumé par le gouverneme­nt fédéral, responsabl­e de son applicatio­n.

En terminant, je souhaite féliciter les producteur­s ainsi que l’ensemble des intervenan­ts qui gravitent autour de la production biologique. On ne le fait pas souvent, mais aujourd’hui, prenons le temps d’être fiers du chemin parcouru.

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