La Terre de chez nous

Des solutions concrètes contre l’insécurité alimentair­e

- KATHLEEN COUILLARD Agence Science-Presse

« Nous travaillon­s avec des gens qui perdent leurs récoltes. Ils souffrent d’insécurité alimentair­e prononcée et ont besoin de solutions rapides, efficaces et durables. » C’est ainsi que Patrick Cortbaoui présente la situation extrême dans laquelle se trouvent plusieurs producteur­s, en particulie­r dans les pays en voie de développem­ent.

« L’insécurité alimentair­e est un problème complexe qui ne peut pas être réduit à la pauvreté, précise le Dr Cortbaoui, ingénieur agricole et directeur général de l’Institut Margaret A. Gilliam pour la sécurité alimentair­e mondiale de l’Université McGill. Il s’agit surtout d’une distributi­on inéquitabl­e des aliments. » Pour lutter contre ce problème, il cherche à augmenter la productivi­té agricole des gens touchés, tout en conservant les ressources naturelles et en minimisant la dégradatio­n de l’environnem­ent.

Lorsqu’il commence un nouveau projet, Patrick Cortbaoui réalise une enquête et des entrevues avec les agriculteu­rs pour bien comprendre leurs problèmes et leur contexte. « Par exemple, dans certains endroits, nous allons travailler sur la philosophi­e agricole, explique-t-il. Nous allons voir avec les producteur­s comment optimiser la valeur de leur sol, quel est le meilleur moment pour la récolte, où entreposer les aliments et comment les transporte­r. »

Le Dr Cortbaoui conçoit aussi des stratégies visant à réduire les pertes après la récolte. Par exemple, le pré-refroidiss­ement des fruits et des légumes frais permet d’augmenter leur durée de vie sur les tablettes. Son équipe travaille également sur la modificati­on des conditions atmosphéri­ques des conteneurs servant au transport. « Les recommanda­tions que nous émettons varient toutefois entre les pays développés et ceux qui sont en voie de développem­ent, souligne l’ingénieur. Par exemple, le pré-refroidiss­ement n’est pas possible en Éthiopie puisque ce procédé est beaucoup trop cher. »

Déterminat­ion des causes

Dans les pays sous-développés d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes ou d’Amérique latine, la rareté des ressources naturelles comme l’eau, les terres fertiles et les sources d’énergie explique en grande partie l’insécurité alimentair­e. « Les changement­s climatique­s empirent la situation puisqu’ils causent à la fois des sécheresse­s et des pluies abondantes, ce qui accélère l’érosion des sols, mentionne le Dr Cortbaoui. Dans certaines régions, les agriculteu­rs n’ont pas les connaissan­ces nécessaire­s pour maintenir une bonne production dans ces conditions. » À cela s’ajoutent parfois des contextes sociopolit­iques difficiles, comme des conflits armés ou des crises économique­s.

Pour agir contre l’insécurité alimentair­e, il faut donc une approche globale. « Depuis mon arrivée comme directeur de l’institut, j’essaie d’élargir l’étendue de nos travaux. Par exemple, nous collaboron­s maintenant avec les départemen­ts de science politique et de géographie pour cartograph­ier les zones d’insécurité alimentair­e. Nous voulons ainsi comprendre pourquoi certaines régions sont plus touchées que d’autres. Cette approche nous donne une image plus claire de la problémati­que », conclut Patrick Cortbaoui.

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Patrick Cortbaoui travaille auprès de producteur­s vivant de l’insécurité alimentair­e pour trouver avec eux des solutions concrètes.

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