La Terre de chez nous

La commercial­isation du maïs : tout un défi!

- — Ramzy Yelda, analyste principal des marchés, Producteur­s de grains du Québec

Avec un rendement de 8,9 t/ha, la production de maïs au Québec a chuté de 250 000 tonnes, ou 7 %, pour s’établir à 3,37 millions de tonnes. La qualité est médiocre, avec peu de grades 2 et une prédominan­ce de grades 3, 4, 5 et échantillo­n. Les principaux facteurs de déclasseme­nt sont le faible poids spécifique et les grains cassés; heureuseme­nt, les toxines ne sont pas un problème. Le grain a été battu avec des taux d’humidité très élevés (de 30 à 35 % en moyenne). Le séchage a été un défi dans le contexte de la grève du Canadien National (CN), qui a mené à une pénurie et à une flambée du prix du propane. Celle-ci a été accentuée par le fait qu’il y avait beaucoup de grain humide dans le Midwest et au Canada.

Le marché local s’est aligné sur un grade 3. Selon le prix offert pour un grade 2, il peut y avoir ou non une prime de 10 à 20 $ la tonne suivant le poids spécifique. Les escomptes se sont stabilisés : de 0 à 3 $ pour un grade 3, de 5 à 8 $ pour un grade 4, autour de 15 $ pour un grade 5. Le maïs échantillo­n est traité au cas par cas, suivant la raison du déclasseme­nt.

Qualité variable

La qualité est variable : un même producteur peut avoir récolté toute une gamme de grades selon les cultivars utilisés et les dates de semis et de battage. Suivant les capacités de stockage de chaque exploitati­on, le grain entreposé a été plus ou moins ségrégué. Normalemen­t, la prise d’un échantillo­n représenta­tif d’un silo permet de connaître sa qualité. Cette pratique, fortement recommandé­e, est moins fiable cette année qu’à l’accoutumée, car la qualité peut être variable au sein d’un même silo. Les producteur­s sont avisés de prendre un échantillo­n représenta­tif au moment du chargement de chaque camion : en cas de désaccord sur le grade décerné au déchargeme­nt, le producteur pourra fournir à l’acheteur son échantillo­n pour analyse.

Heureuseme­nt, la hausse des prix vient contrebala­ncer en partie la baisse du rendement, les escomptes de qualité et les frais de séchage. Même s’il n’y a pas pénurie, le marché local est très serré. Les bases en dollars canadiens et américains sont en hausse, alors que la Bourse de Chicago s’est redressée et que le taux de change est stable. La plupart des utilisateu­rs couvrent seulement leurs besoins à court terme. Certes, les importatio­ns seront en hausse, mais dans l’immédiat, les Grands Lacs sont fermés à la navigation. D’ailleurs, les États américains proches du Canada ont eux aussi eu de sérieux problèmes de qualité. Les importateu­rs qui veulent acheter un grade 2 pour le mélanger au grain local doivent se tourner vers le Midwest, ce qui implique des coûts de transport plus élevés. De fait, en tonnage, les importatio­ns ferroviair­es ne peuvent pas rivaliser avec les laquiers. Quant au grain d’outre-mer, le programme d’exportatio­n brésilien est arrivé à son terme. Les prix locaux seront soutenus au moins jusqu’au printemps. Les producteur­s pourraient profiter des prix haussiers pour vendre progressiv­ement, ce qui diminuerai­t la pression d’importatio­n plus tard.

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La hausse des prix vient en partie contrebala­ncer la baisse du rendement du maïs.

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