La Terre de chez nous

Le lait de brebis de l’Abitibi

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@ laterre.ca

POULARIES — Lorsque Bruno Drouin a repris les rênes de la ferme de son père en 2009, il a remplacé la production de bovins de boucherie par celle de lait de brebis. L’agriculteu­r de 38 ans a ainsi donné un nouveau souffle à l’entreprise de Poularies, une municipali­té de moins de 700 habitants située à une cinquantai­ne de kilomètres au nord de Rouyn-Noranda.

« Mon père avait une ferme bovine et une toute petite culture de céréales biologique­s. Moi, j’avais toujours été intéressé par le lait de vache, mais les quotas étaient chers », raconte celui qui a fait ses études en production laitière à La Sarre, une ville voisine. « Un de mes profs était producteur de lait de brebis. C’est lui qui m’a donné l’idée. »

En 2005, il a acheté ses deux premières femelles qu’il s’est procurées au Témiscamin­gue. Aujourd’hui, son troupeau compte 200 têtes et permet la production de 30 000 à 35 000 litres de lait par année, qu’il vend à la fromagerie La vache à Maillotte, de La Sarre.

« C’est drôle parce que le prof qui m’a donné l’idée de la bergerie fournissai­t le lait à cette fromagerie avant, mais il a quitté l’Abitibi pour s’installer à BaieSaint-Paul, dans Charlevoix. C’est maintenant moi qui suis le seul fournisseu­r depuis 2013. C’est bien tombé pour moi », témoigne M. Drouin, ajoutant qu’il n’a pas l’intention d’augmenter sa production ni de se trouver d’autres clients pour l’instant. Selon lui, il n’y aurait « probableme­nt même pas de place » pour un autre éleveur de brebis laitières en Abitibi, justement par manque de clientèle à approvisio­nner.

Deux production­s qui se complètent

Avant que Bruno Drouin devienne propriétai­re de la ferme, son père ne cultivait qu’une dizaine d’hectares de céréales biologique­s. « J’ai augmenté la production à environ 90 hectares », spécifie l’agriculteu­r, ajoutant qu’il existe plusieurs terres inexploité­es en Abitibi, ce qui rend la certificat­ion biologique plus accessible aux producteur­s. « Il n’y a pas de cultures de maïs ni de soya convention­nelles ici et il y a des terres qui sont inexploité­es depuis plusieurs années. On retrouve moins d’intrants chimiques dans les sols de façon générale. »

En plus de l’avoine vêtue, de l’avoine nue et du seigle d’automne, le producteur fait pousser son foin biologique dont il se sert pour nourrir ses brebis. Quant à son troupeau, il lui fournit le fumier nécessaire pour faire pousser ses cultures. « C’est comme un système qui se complète », explique M. Drouin.

Son lait de brebis n’est pas biologique pour l’instant parce que la demande pour ce type de produit, dit-il, « n’est pas encore là ». « Mais si je voulais produire du lait bio, ce serait facile. Je n’aurais que quelques critères supplément­aires à mettre en applicatio­n. »

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Bruno Drouin possède une bergerie laitière de 200 têtes, la seule en Abitibi.
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La production d’avoine vêtue et nue de Bruno Drouin est certifiée biologique par Écocert Canada.

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