Une production à la poubelle ?
Le président de l’Association des fromagers artisans du Québec, Normand Côté, constate une baisse drastique et angoissante des ventes de fromage fins, autant chez l’ensemble de ses membres qu’à sa propre fromagerie. La majorité des fromageries artisanales ont perdu 80 à 90 % de leurs ventes chez leurs distributeurs, décrit-il.
« Il y a un mois, je vendais 20 000 $ de fromage à mon distributeur, mais là c’est 0 $. Les restaurants et HRI [réseau de l’hôtellerie, de la restauration et des marchés institutionnels privés et publics] n’achètent plus. Tout le monde coupe. Pour l’instant, on diminue notre production et on stocke les fromages, mais on va peut-être être obligé d’en jeter », craint le copropriétaire de la Fromagerie Médard, au Lac-Saint-Jean.
En Estrie, Marie-Chantal Houde, de la Fromagerie NouvelleFrance, mentionne que les commandes de fromages sont de zéro dollar cette semaine, alors qu’habituellement, elle vendait entre 60 et 80 meules, seulement pour son fromage Zacharie Cloutier.
Lise Bradette, copropriétaire de la Fromagerie au Paysdes-Bleuets de Saint-Prime au Lac-Saint-Jean, avance une explication : « Les gens sont moins riches, car plusieurs ne travaillent plus; ils achètent des produits de base avant les produits de luxe.»
Commerce en ligne
Pour survivre, la fromagère Marie-Chantal Houde a mis en place un site de commerce en ligne pour ses produits, couplé à un service de livraison. Normand Côté accentue lui aussi le commerce en ligne à sa fromagerie. « Tout le monde travaille à sauver sa peau. On offre les commandes en ligne et ça fonctionne, mais ça ne remplacera jamais les ventes par mon distributeur », analyse-t-il.