L’arrêt des suivis de gestation inquiète certains éleveurs
Le mot d’ordre aux vétérinaires de ne se présenter dans les fermes qu’en cas d’urgence a eu pour effet de mettre sur la glace les services de prévention, incluant les suivis de gestation. Cette situation inquiète certains éleveurs de vaches et de brebis reproductrices.
« J’ai 600 vaches qui auraient dû passer un test de gestation il y a deux semaines, mais ça n’a pas été fait. À date, ce n’est pas trop grave, mais si je ne peux pas avoir de vétérinaire à ma ferme dans les prochaines semaines, ça aura des répercussions à long terme sur la rentabilité de mon troupeau », clame Mathieu Lacasse, éleveur de vaches-veaux à Rouyn-Noranda, en Abitibi. Une grande partie de son cheptel vêle à l’extérieur aux alentours du 20 mai. « Je ne veux pas avoir à supporter des vaches non gestantes trop longtemps. Les tests doivent se faire avant que j’envoie mon troupeau au pâturage en mai. »
Dominic Châtelain, qui élève 225 brebis reproductrices à Roxton Falls, en Montérégie, exprime des inquiétudes similaires. Ses femelles sont divisées en quatre groupes qui agnellent à deux mois d’intervalle. « À court terme, ce n’est pas trop dommageable, mais à long terme, garder des brebis non gestantes dans le groupe prêt à agneler plutôt que de les placer dans le cycle suivant, ça entraîne des pertes financières et ça retarde toutes les autres étapes du processus de reproduction », témoigne-t-il.
Aux producteurs inquiets de ne plus voir leur vétérinaire faire de diagnostics de gestation, le Dr Jean Durocher, de Lactanet, suggère de se tourner vers d’autres moyens, comme les échantillons de lait ou de sang de l’animal gestant. « On te fait parvenir [le contenant] par courrier, tu prends l’échantillon, tu le déposes à un endroit, on va le ramasser, le faire parvenir au labo et l’envoyer à ton vétérinaire pour analyse », explique-t-il.
Services rétablis à la mi-avril
De son côté, le président des Producteurs de bovins du Québec, Claude Viel, assure que l’arrêt de services préventifs est temporaire. « À moins d’un changement, ça devrait reprendre à la mi-avril. Je pense qu’il est normal de ne traiter que les urgences, en temps de crise. » Selon lui, les tests de gestation peuvent attendre quelques semaines.
Avec la collaboration de Myriam Laplante El Haïli