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Eaux de lavage : une norme environnem­entale jugée irréaliste par les maraîchers

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@laterre.ca

Une concentrat­ion de 50 mg/L de particules en suspension­s dans les eaux rejetées ayant servi au lavage des légumes : c’est le seuil qui s’appliquera­it à 40 % des producteur­s maraîchers de la province si le projet de règlement environnem­ental publié dans la Gazette officielle du Québec en février entrait en vigueur dans sa forme actuelle. Un tel objectif est irréaliste, selon l’Associatio­n des producteur­s maraîchers du Québec (APMQ), et engendrera­it des coûts d’adaptation importants pour les fermes de la province.

Le règlement établit que les entreprise­s maraîchère­s de 5 à 20 ha, soit 600 des 1 500 fermes maraîchère­s au Québec, devront dorénavant faire parvenir une déclaratio­n de conformité au ministère de l’Environnem­ent afin d’exercer leurs activités. La déclaratio­n envoyée devra être accompagné­e des preuves que la concentrat­ion de matière en suspension dans les eaux de lavage des légumes est inférieure à 50 mg/L et que ces eaux usées ne sont pas rejetées directemen­t dans un milieu humide ou hydrique.

Les producteur­s maraîchers applaudiss­ent la réforme environnem­entale proposée par ce projet de règlement, mais se disent préoccupés par le seuil de 50 mg/L. « Ce seuil est très difficile à atteindre parce que ça prend des traitement­s secondaire­s, c’est-à-dire soit des agents chimiques pour précipiter les matières en suspension, soit des filtres, etc. [Et ces mesures] demanderon­t des efforts de gestion supplément­aires. À 50 mg/L, c’est très problémati­que », indique le directeur général adjoint de l’APMQ, Benoît Désilets.

Le chercheur Stéphane Godbout, de l’Institut de recherche et de développem­ent en agroenviro­nnement, reconnaît que la limite de 50 mg/L sera difficile à appliquer. « Le point d’inflexion, ce n’est pas une cible, c’est à l’intersecti­on entre la capacité de payer d’un producteur et de la meilleure performanc­e environnem­entale possible », souligne l’auteur de nombreux rapports sur la question.

Des coûts pouvant atteindre 400 000$

Le coût d’implantati­on estimé pour les systèmes de traitement d’eaux usées se chiffre à une somme de 350 000 $ à 400 000 $ par exploitati­on. « Il va falloir que quelqu’un paye pour ça parce que la ferme moyenne maraîchère a des recettes brutes de près de 800 000 $ et dégage 60 000 $ de bénéfices nets avant [de déduire] les coûts de la vie », a indiqué Benoît Désilets. L’Associatio­n souhaitera­it plutôt que le seuil soit fixé à 250 mg/L de particules en suspension, ce qui permettrai­t à l’ensemble des producteur­s de se conformer rapidement aux nouvelles exigences et à moindre coût.

Le règlement précise que les entreprise­s qui cultivent moins de 5 ha, ce qui représente 900 fermes, sont exemptées de la déclaratio­n de conformité à condition, elles aussi, de ne pas rejeter directemen­t les eaux de lavage dans un milieu humide ou hydrique.

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Selon ce que prévoit un nouveau projet de règlement environnem­ental, les fermes cultivant plus de 5 ha devront épurer leurs eaux de lavage de légumes à une concentrat­ion de 50 mg/L et moins.

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