La Terre de chez nous

Stratégies d’adaptation possibles face à une sécheresse

- LÉDA VILLENEUVE, AGR. M.SC. Coresponsa­ble à la R&D, Centre d’expertise en production ovine du Québec

Les éleveurs d’ovins subissent eux aussi les contrecoup­s de dame Nature depuis quelques années. Dans plusieurs régions, la sécheresse a causé bien des maux de tête et complique les récoltes fourragère­s, car les rendements ne sont plus au rendez-vous. Il faut donc adopter des pratiques culturales et des stratégies alternativ­es, afin de s’adapter à cette nouvelle réalité.

À court terme, il faut vérifier si le troupeau comprend des brebis qui devraient être réformées rapidement, c’est-à-dire vieilles ou improducti­ves ayant des intervalle­s d’agnelage de plus de 360400 jours. On peut alors évaluer plus précisémen­t le besoin fourrager réel et veiller à ce que les fourrages produits ou achetés soient consommés par des animaux productifs dans l’élevage. Au quotidien, il s’agit de viser 5 à 10 % de refus à la mangeoire. Et pourquoi ne pas utiliser ces refus pour nourrir les brebis au tarissemen­t dans l’élevage?

Au niveau des cultures, on peut opter pour des espèces annuelles tolérantes à la sécheresse, telles que le sorgho, l’herbe de Soudan ou des hybrides sorghosoud­an. Ces plantes peuvent être semées tardivemen­t en juin, voire en juillet. Le rendement peut être plus élevé qu’avec des céréales fourragère­s et il est possible de faire deux coupes. Les céréales printanièr­es fauchées au stade de gonflement, ce qui rend une deuxième coupe possible, et récoltées en ensilage peuvent aussi devenir un plan B intéressan­t.

L’importance du sol

Dans la gestion des champs, surtout en période de sécheresse, l’améliorati­on des rendements passera dans un premier temps par un chaulage adéquat des prairies pour avoir un pH du sol d’au moins 6,5. Avec un sol bien structuré à bon pH, il peut être avantageux d’opter pour une fertilisat­ion azotée avant la première coupe, car cette coupe représente globalemen­t 50 % du rendement annuel. Les rotations plus courtes de trois ou quatre années permettron­t également d’augmenter le rendement à l’hectare pourvu que l’implantati­on de la prairie se fasse sous de bonnes conditions.

Bien que le mil soit la graminée la plus cultivée dans l’est du Canada, il demeure que c’est la moins résistante à la sécheresse et elle présente très peu de regain en deuxième et troisième coupes, même lors d’années ayant une pluviométr­ie normale. D’autres graminées présentent des avantages plus intéressan­ts, comme la fétuque et le brome hybride.

Parlez-en avec votre expert-conseil végétal et choisissez un mélange simple de deux ou trois espèces qui répondra bien aux conditions de vos sols et optez pour des variétés avec des racines pivotantes profondes qui iront chercher l’eau en profondeur. Il vaut mieux adopter des pratiques différente­s dès maintenant, car dame Nature nous réserve encore bien des surprises.

 ??  ?? En sélectionn­ant les variétés de fourrage et en entretenan­t les sols, les éleveurs d’ovins peuvent faire face à la sécheresse.
En sélectionn­ant les variétés de fourrage et en entretenan­t les sols, les éleveurs d’ovins peuvent faire face à la sécheresse.

Newspapers in French

Newspapers from Canada