La Terre de chez nous

Des producteur­s maraîchers envisagent de produire moins

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@laterre.ca

Certain de ne pas recevoir tous ses travailleu­rs étrangers temporaire­s (TET) à temps pour la récolte d’asperges, début mai, Mario Rondeau, agriculteu­r à Saint-Thomas dans Lanaudière, compte réduire de moitié sa production cette saison.

« D’habitude, je fais pousser 50 acres de légumes, mais cette année, je vais diminuer de beaucoup la superficie de ma culture, sinon je vais avoir trop de pertes. Dans le contexte actuel, si je réussis à récolter 75 000 lb d’asperges, ce sera beau », a affirmé à La Terre la semaine dernière celui dont la production annuelle s’élève normalemen­t à 200 000 lb.

Des 23 TET qu’il devait accueillir ce printemps, neuf arriveront possibleme­nt le 14 avril, croit-il, mais rien n’est encore coulé dans le béton. « Je ne suis pas sûr qu’ils viendront et même s’ils viennent, neuf personnes sur 23, ce n’est pas suffisant. Je préfère ne pas prendre de chance et cultiver moins. »

Le président de l’Associatio­n des producteur­s maraîchers du Québec, Sylvain Terrault, a reconnu le 2 avril que la réduction de production est une « avenue envisagée » par certains. « Mais je pense que la majorité des agriculteu­rs ont encore le temps de voir ce qu’il adviendra avec les TET et avec la campagne de recrutemen­t de travailleu­rs locaux avant d’en arriver à diminuer la superficie de culture », a-t-il précisé. « C’est certain que des impacts sont envisageab­les si on en vient à cultiver moins, notamment sur les prix des fruits et légumes en épicerie, mais on est tellement dans le néant à tous les niveaux en ce moment qu’il est difficile d’établir une tendance et de faire des prédiction­s ».

Habitués de « se revirer sur un dix cennes »

Les producteur­s maraîchers conjuguent avec l’incertitud­e année après année, étant particuliè­rement dépendants de la météo. « On est habitués de se revirer sur un dix cennes et à prévoir des plans A, B et C. La différence, cette saison, c’est qu’on doit aller jusqu’aux plans G et H », a lancé Stéphane Roy, producteur d’asperges, de carottes et de courgettes à Saint-Liguori, dans Lanaudière. Parmi toutes les options imaginées, il n’a toutefois pris aucune décision encore. « Pour le recrutemen­t de travailleu­rs locaux, par exemple, si je tends des perches tout de suite, il y a des chances que les candidats ne soient plus disponible­s en mai, alors ça ne me donne rien de commencer des démarches. J’aime mieux attendre et voir ce qui se passera. »

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« Dans le contexte actuel, si je réussis à récolter 75 000 lb d’asperges, ce sera beau », anticipe Mario Rondeau dont la production annuelle s’élève normalemen­t à 200 000 lb de légumes.

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