La Terre de chez nous

Démarrage en temps de crise

Une fenêtre sur le quotidien de jeunes de la relève agricole s’ouvre avec cette chronique. Désireux de valoriser leur métier, une dizaine d’entre eux prendront la plume à tour de rôle au cours des prochaines semaines.

- MARC-ANTOINE ARSENAULT-CHIASSON Ferme Cidricole Équinoxe, Farnham, Montérégie

Je n’apprends probableme­nt rien à personne en disant que le Québec, même que le monde en entier, est en crise sanitaire, et par la force des choses, en début de crise économique également. Le monde agricole n’y fait pas exception, et il est fortement sollicité (voire même remercié par notre premier ministre!) ainsi que chamboulé par l’ensemble de la crise. Une pensée spéciale à nos amis et collègues du milieu acéricole, ou encore aux producteur­s horticoles qui sont dans l’incertitud­e avec leurs travailleu­rs étrangers.

La relève agricole dont je suis un élément n’y fait pas exception, même si au jour le jour, notre situation est plutôt enviable. En étant en fin d’études universita­ires, avec nos économies de côté pour vivre, on pourrait même se réjouir de tomber avec autant de temps libre pour avancer nos travaux scolaires ou encore engloutir la gigantesqu­e paperasse qui vient avec le démarrage d’une entreprise agricole, n’eût été notre solidarité et notre compassion pour notre milieu.

Questions en suspens

Mais en pensant à l’avenir, je ne peux m’empêcher de me questionne­r sur beaucoup trop d’aspects essentiels à la réussite de notre projet. Ma clientèle pour ma vente directe sera-t-elle au rendez-vous, ou fera-t-elle attention à

ses sous? Comment les marchés pour mes produits se comportero­nt-ils? Le prix sera-t-il bon, ou lui aussi sera-t-il touché par la récession qui se pointe à l’horizon? Pour nous, les prochains mois rimaient déjà avec dépenses, tant et aussi longtemps que nos récoltes ne seront pas terminées. La planificat­ion et l’élaboratio­n d’une stratégie marketing solide pour rejoindre notre clientèle de vente directe viennent de prendre encore plus d’importance.

Et, à la veille de la transactio­n qui changera nos vies à jamais, l’incertitud­e liée à la crise est immense. Simplement à penser au bureau de notaire, aux fonctionna­ires, arpenteurs ou banquiers qui sont tous également touchés par la crise, ce qui peut potentiell­ement ralentir des transactio­ns, au grand dam des vendeurs et courtiers qui désirent recevoir leur montant dû dans les temps (et avec raison).

Somme toute, le beau temps se pointe enfin le bout du nez, les outardes commencent à revenir sur nos lacs et rivières, puis les arbres vont bientôt se mettre à débourrer. Il faut rester positifs, se serrer les coudes et s’ouvrir plus que jamais à son voisin pour espérer pouvoir sortir de cette crise sans trop d’ecchymoses.

Courage chers producteur­s et productric­es. Après la pluie, le beau temps finit toujours par arriver!

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Les futurs propriétai­res d’une ferme cidricole de la Montérégie se préparent à la saison qui vient.
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