Des jeunes motivés
En donnant une première chance à des personnes avec des contraintes à l’emploi, les entreprises agricoles peuvent s’attendre à accueillir dans leurs rangs des individus à la fois travaillants et loyaux, affirment des employeurs et des intervenants du milieu.
« La principale force de ces jeunes, c’est la résilience. C’est facile de les impliquer dans un projet motivant, assure Sylvain Melançon, directeur général de l’organisme Jeunes au travail. On voit ici des passions naître. Plusieurs optent pour des formations en horticulture ou en agriculture ou parviennent à trouver un emploi dans une serre. »
Sylvain Melançon a réalisé un tour de force : faire opérer une petite ferme par des jeunes décrocheurs de 16 à 25 ans, dont certains ont des problèmes en santé mentale ou en toxicomanie. Située à l’angle des autoroutes 19 et 440 à Laval, la parcelle de 2,5 acres en mode bio intensif produit 40 variétés de légumes destinés à remplir les paniers hebdomadaires de 350 familles de la région. Sous la supervision d’un responsable de production et d’une intervenante, la soixantaine de jeunes employés participent aux travaux au champ, à la tenue du kiosque de l’organisme et à l’entretien du tracteur. « En leur apprenant un métier, on les aide à travailler sur eux-mêmes. Je crois aux vertus de la terre qui inspire de belles valeurs familiales. C’est souvent ça qui leur manque. »
Un plus pour l’entreprise
Le directeur général de Pleins Rayons, Stéphan Marcoux, croit également aux bienfaits de l’embauche inclusive. Son organisme a réussi à trouver au cours des cinq dernières années un emploi à temps plein à 23 jeunes avec une déficience intellectuelle légère ou un trouble du spectre de l’autisme. « Certains se sont fait dire qu’ils ne trouveraient jamais un job, et maintenant ils ont un vrai emploi. Ces jeunes amènent une richesse à l’entreprise. Ils sont extrêmement joyeux, loyaux et reconnaissants envers l’employeur qui leur donne une chance », fait-il remarquer.
André Mousseau, propriétaire des serres Le Cactus fleuri, partage cet avis. « Oui, ils ont leurs limites, mais ils sont très volontaires et ils sont fidèles au poste. Plusieurs sont entrés sur le marché du travail avec nous et après quelques années, ils ont poursuivi leur parcours dans une autre industrie. C’est une belle réussite pour eux et pour nous. »
Pénurie de main-d’oeuvre
Aux Serres Savoura, on reconnait que l’embauche de personnes avec un handicap répond à un besoin bien réel de pénurie de main-d’oeuvre. « On se trouve dans un contexte où même les travailleurs étrangers pourraient se faire plus rares. L’une des solutions passe par le recrutement dans des bassins non-traditionnels, souligne Marc-André Laurier-Thibault. À cela, ajoutons le fait que leur taux de rétention est excellent, car ils ont le sentiment de faire une différence dans l’entreprise. »