La Terre de chez nous

Le meilleur moment pour aborder un sujet sensible

- HÉLEN BOURGOIN, T.E.S. Travailleu­se de rang dans le Centre-du-Québec

Y a-t-il un moment opportun pour parler à son père de questions de relève? Quel est le meilleur moment pour exprimer son désaccord à son conjoint trop ambitieux? Quand annoncer à son frère la décision de quitter définitive­ment l’entreprise familiale? Bien qu’il n’existe pas de recette magique du meilleur timing pour la discussion, voici un exemple de cas vécu qui peut servir de piste de réflexion pour choisir le moment idéal pour communique­r avec l’autre.

Julie angoissait à l’idée que son conjoint se lance dans un projet d’agrandisse­ment à la ferme : « Je le voyais courir partout, stresser, manquer de sommeil et la pelle n’était pas encore dans la cour », se souvient-elle. Elle n’a eu d’autre choix que de lui parler de l’inconfort qu’elle vivait en lien avec la constructi­on d’une nouvelle étable. Peu importe le message à passer, il était important pour Julie de trouver un moment où son mari, producteur laitier, serait ouvert à la discussion et réceptif à ses propos.

L’agricultri­ce a choisi un moment tranquille pour lui parler, loin du travail. Elle s’est exprimée au « je », en nommant ses sentiments. Ce dernier a pu la rassurer dans ses peurs et surtout, il a pu mieux la comprendre. Ensemble, ils ont pu établir un horaire différent pour la garderie des enfants, par exemple. Ils ont également « essayé » de planifier de petits moments de repos pour être en famille. Peut-être pas des vacances estivales, mais au moins un week-end pour décrocher un minimum. Est-ce assez pour Julie? « C’est déjà un bon début », précise la jeune femme. Son conjoint a également pu lui demander de l’aide, au besoin, pour quelques traites et lui exprimer sa vision de son été. Julie a ainsi pu avoir l’heure juste en ce qui a trait à l’horaire de son conjoint. La constructi­on occupera une grande partie de l’été, et elle le sait maintenant.

Créer un temps d’arrêt

Qu’on désire parler d’un sujet banal ou d’une grande importance, demander à l’autre d’être en mode écoute facilitera la discussion. Lorsque le temps manque, prendre un rendez-vous avec l’autre peut être pertinent, car, à la ferme, les temps d’arrêt se font rares; vaut donc mieux les créer. S’il s’agit d’une décision difficile à annoncer, par exemple une séparation reliée à la ferme ou une mauvaise nouvelle, prendre le temps d’écrire ses idées aidera à mieux les exprimer. Se pratiquer devant un miroir ou encore réciter le message quelques fois à haute voix favorisera l’échange et permettra d’être plus confiant devant l’autre. Le secret dans ce genre de déclaratio­n est d’y aller avec son coeur, son ressenti et de dire l’émotion vécue à l’intérieur.

Apprendre à dire non est complexe. Parfois, la peur de déplaire ou de blesser l’autre est si intense que l’on accepte malgré tout et à contrecoeu­r. Il faut se rappeler que dire non à l’autre, c’est se dire oui à soi-même. Et garder en tête que tout se dit; c’est la manière de le dire qui influencer­a la réaction de l’autre. Certains sujets semblent difficiles à aborder, mais sont souvent essentiels au bon fonctionne­ment de l’entreprise et à l’avenir de la famille.

Parler franchemen­t à l’autre permet d’apaiser l’éventuelle frustratio­n d’un manque de communicat­ion. Bien que Julie soit déçue de « perdre » son mari pour l’été, elle comprend mieux les raisons de celui-ci. En ayant pris le temps de nommer ses peurs, elle s’est libérée du poids qui pesait sur ses épaules, et les choses sont claires à présent.

« Je le voyais courir partout, stresser, manquer de sommeil et la pelle n’était pas encore dans la cour. »

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