La Terre de chez nous

La production horticole en serre divise à la Régie de l’énergie

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca

Lors des audiences de la Régie de l’énergie il y a deux semaines, plusieurs intervenan­ts ont plaidé que le nouveau tarif d’électricit­é de 5,59 ¢/kWh annoncé par Québec ne devrait pas être accessible aux producteur­s d’horticultu­re ornemental­e et aux producteur­s de cannabis en serre.

En juillet, le gouverneme­nt Legault et les hauts dirigeants d’Hydro-Québec ont annoncé un tarif d’électricit­é préférenti­el accessible à près de 1 000 producteur­s en serre pour l’éclairage de photosynth­èse et le chauffage de leurs bâtiments. Si la Régie donnait son aval à la propositio­n d’Hydro-Québec Distributi­on dans sa forme actuelle, les très gros producteur­s utilisant au-delà de 5 000 kW pourraient eux aussi avoir accès au tarif spécial, mais seulement pour l’éclairage de photosynth­èse.

L’Associatio­n des hôteliers du Québec, l’Associatio­n Restaurati­on Québec et plusieurs autres intervenan­ts ont soutenu qu’il était « surprenant » de voir Hydro-Québec Distributi­on (le distribute­ur) inclure les producteur­s de cannabis et d’horticultu­re ornemental­e dans leur propositio­n de tarif alors que ces derniers « n’apportent rien à la sécurité alimentair­e des Québécois » visée par le gouverneme­nt. Le distribute­ur a toutefois plaidé que la consommati­on d’électricit­é des serres de cannabis pourrait engendrer d’importants revenus pour son organisati­on dans le futur. Selon ses estimation­s, elle représente­ra 41,7 % de la consommati­on des serres en 2029, soit une augmentati­on de 400 % par rapport à la consommati­on actuelle.

Horticultu­re dans son ensemble

L’Union des producteur­s agricoles (UPA) estime pour sa part que le décret gouverneme­ntal intimant la Régie d’étudier la propositio­n d’Hydro-Québec Distributi­on vise la production en serre dans son ensemble. « Le gouverneme­nt sait qu’il y a des producteur­s de fruits et légumes, d’horticultu­re ornemental­e et de cannabis. Alors, il n’a pas souhaité exclure de types de production parce qu’il a voulu aider la filière en entier, comme il l’a déjà fait dans le passé. Et s’il avait vraiment voulu, si le gouverneme­nt avait dit : « Je veux que le tarif soit fait seulement au nom de l’autonomie alimentair­e », il aurait tassé des types de production. Ce n’est pas ça qu’il a fait », a expliqué l’avocate de l’organisati­on, Me Marie-Andrée Hotte.

Elle a également soutenu que la grande majorité des producteur­s d’horticultu­re ornemental­e cultivent des fines herbes et des plantes potagères qui se retrouvent indirectem­ent dans l’assiette des Québécois. Le témoin David Tougas, coordonnat­eur à l’économie et au commerce de l’UPA, a admis que la culture de cannabis ne contribuai­t pas à améliorer l’autonomie alimentair­e de la province, mais l’essoufflem­ent observé dans cette industrie laisse entrevoir une possible reconversi­on des usines en serres de fruits et de légumes. Selon Me Hotte, l’UPA propose que cette catégorie de producteur­s puisse être partiellem­ent exclue du nouveau tarif électrique.

Newspapers in French

Newspapers from Canada