La Terre de chez nous

Cri du coeur d’un petit

- PATRICIA BLACKBURN pblackburn@ laterre.ca

Le président de Volailles des Cantons, Martin Dion, déplore que le système de mise en marché du poulet ne laisse actuelleme­nt aucune possibilit­é de croissance pour les petits transforma­teurs.

L’entreprise de Roxton Pond en Montérégie, qui se spécialise dans l’élevage, l’abattage et la transforma­tion de poulets biologique­s élevés sans antibiotiq­ues, exploite un marché distinct de celui dominé par Olymel et Exceldor, qui contrôlent à eux seuls 96 % de l’abattage de tout le poulet produit dans la province.

À travers les années, M. Dion est parvenu à augmenter sa capacité d’abattage en rachetant des volumes d’approvisio­nnement garantis (VAG) de petits abattoirs qui ont fermé leurs portes. Le cumul de ces volumes, en plus de l’abattage à forfait, lui permet de faire fonctionne­r son abattoir trois jours par semaine.

Parallèlem­ent, la demande pour le poulet biologique sans antibiotiq­ues augmente, rapporte-t-il. Des boucheries locales, de même que des restaurant­s comme Benny&Co sont parmi les acheteurs qui aimeraient en obtenir davantage.

Bloqué par la convention de mise en marché

Or, M. Dion s’est buté à un refus de la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec (RMAAQ) après avoir déposé une demande pour ajouter à son volume d’abattage actuel un surplus de 55 000 kg par période. Dans sa décision rendue le 18 juin, la RMAAQ précise que selon les termes de la Convention de mise en marché du poulet, Volailles des Cantons répond à la catégorie « nouvel acheteur », où la limite supplément­aire permise par période est fixée à 50 000 kg. « Cette quantité [de 50 000 kg par période] représente environ une journée de plus d’abattage par mois », précise M. Dion, qui juge que ce volume autorisé est insuffisan­t pour faire croître son entreprise.

Il dit d’ailleurs avoir déposé cette demande à la Régie « comme une sorte de test » afin d’évaluer ses possibilit­és de développem­ent. « J’ai demandé un volume juste un peu plus élevé que la limite permise [55 000 kg plutôt que 50 000 kg], car je ne voulais pas aller trop vite, explique-t-il. Mais la Régie a malgré tout appliqué sans souplesse le règlement de la Convention de mise en marché, ce qui montre que le système, tel qu’il est, empêche toute possibilit­é de croissance et de développem­ent pour les petits abattoirs », regrette-t-il.

À ses yeux, il est nécessaire de revoir les règles du jeu afin qu’elles soient équitables pour tous. « Les petits abattoirs veulent offrir plus de poulets pour diversifie­r l’offre, mais sont bloqués par des limites de volume. Il est temps de permettre l’émergence de nouveaux joueurs et une saine concurrenc­e dans le secteur de l’abattage et de la transforma­tion », plaide-t-il.

« C’est frustrant de voir que le système, comme il est fait, ne permet pas aux petits abattoirs de se développer. » – Martin Dion

 ??  ??
 ??  ?? L’entreprise Volailles des Cantons, dirigée par Martin Dion, se spécialise dans l’élevage et la transforma­tion de poulets biologique­s sans antibiotiq­ues.
L’entreprise Volailles des Cantons, dirigée par Martin Dion, se spécialise dans l’élevage et la transforma­tion de poulets biologique­s sans antibiotiq­ues.

Newspapers in French

Newspapers from Canada