La Terre de chez nous

À l’assaut de la tremblante

- MARTINE VEILLETTE mveillette@ laterre.ca

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) demande la collaborat­ion des éleveurs de chèvres afin de détecter et d’éradiquer la tremblante par la résistance génétique. Ce procédé se fait depuis une quinzaine d’années chez le mouton et maintenant l’agence souhaite l’étendre au secteur caprin.

Le Dr El Mehdi Haddou, de l’ACIA, explique à La Terre qu’avant, lorsque cette maladie mortelle qui s’attaque au système nerveux central de l’animal était détectée dans un troupeau de moutons, toutes les bêtes devaient être euthanasié­es. C’est ce qui se fait chez la chèvre. « Des études ont montré que des moutons présentaie­nt des génomes spécifique­s résistants à la maladie. Depuis, au lieu d’éliminer un troupeau, on détruit seulement ceux qui sont plus sensibles ou qui ont la maladie. On mise aussi sur le développem­ent génétique. C’est moins dur pour le mental et l’industrie », souligne-t-il.

Le docteur précise que depuis 2020, il a été statué, selon des études européenne­s et américaine­s, que cette méthode pouvait aussi être utilisée pour la chèvre. L’ACIA a donc entrepris de développer un programme de contrôle pour le secteur caprin.

Ainsi, si l’animal a l’un des deux génomes, aussi appelés allèles, S146 et K222, il sera considéré comme résistant à la tremblante. Le premier est surtout présent chez les races de boucherie comme la Boer et la Savannah, ainsi que chez la race laitière Nubian. Le second est plus rare et a été détecté dans des troupeaux laitiers de race Toggenburg. Ces génomes pourraient aussi être présents chez d’autres races, selon les données internatio­nales.

L’identifica­tion aidera

Pour l’instant, l’ACIA a peu de données sur les chèvres canadienne­s puisque celles-ci ne sont pas obligatoir­ement identifiée­s et traçables. « C’est difficile pour nous de prélever un échantillo­n d’une chèvre à l’abattoir. L’identifica­tion permet de la tracer jusqu’à la ferme et aux animaux qu’elle a côtoyés », indique le Dr Haddou.

Il encourage donc les éleveurs à identifier leurs animaux pour pouvoir prélever des échantillo­ns à l’abattoir. Il est aussi possible de faire tester une bête de plus de 12 mois décédée à la ferme en communiqua­nt avec le bureau de l’ACIA de sa région. « Chaque fois qu’on détecte la maladie, on déclenche le processus pour retracer l’élevage et tester les autres », indique le docteur. La tremblante se transmet par une exposition à un animal infecté ou à un environnem­ent contaminé. Un animal peut aussi être porteur de la maladie sans en présenter les symptômes et être un vecteur d’infection. Il s’agit de la même souche que la tremblante du mouton.

Les éleveurs qui aimeraient connaître le génotypage de leur cheptel peuvent effectuer des prélèvemen­ts sanguins et les envoyer au laboratoir­e GoatGEN ou au Laboratoir­e de santé animale de l’Université de Guelph.

« Au lieu d’éliminer un troupeau, on détruit seulement ceux qui sont plus sensibles ou qui ont la maladie. »

– le Dr El Mehdi Haddou

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Les éleveurs de chèvres sont sollicités pour renforcer leur troupeau contre la tremblante.
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