La Terre de chez nous

Les anticorps utiles pour combattre Streptococ­cus suis

- DOMINIC DOLBEC MÉLANIE LEHOUX MARCELO GOTTSCHALK MARIELA SEGURA GREMIP et CRIPA, Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal

D’où viennent les anticorps et sont-ils tous utiles pour combattre les infections? C’est la question de base que nous nous sommes posée lorsque nous avons démarré notre projet de recherche au sein du Groupe de recherche sur les maladies infectieus­es en production animale (GREMIP) et du Centre de recherche en infectiolo­gie porcine et avicole (CRIPA) de la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal.

Notre objectif était de mieux comprendre la production d’anticorps lors des infections causées par la bactérie Streptococ­cus suis, qui est d’importance en production porcine, dans le but de faciliter le développem­ent de vaccins plus efficaces pour prévenir la maladie à la ferme. Pour répondre à cet objectif, nous nous sommes penchés sur l’étude des mécanismes biologique­s qui gèrent la production d’anticorps.

Pour ce faire, nous avons effectué des infections expériment­ales chez des souris (modèle animal amplement utilisé pour Streptococ­cus suis) et nous avons suivi la capacité de ces animaux à produire des anticorps capables de viser et d’éliminer la bactérie. Nous avons appris que les animaux étaient capables d’éliminer lentement la bactérie lors d’une première infection et que leur capacité de débusquer la bactérie était accélérée lors d’une infection suivante grâce aux anticorps produits.

Pas tous égaux

Toutefois, tous les anticorps ne sont pas égaux. En effet, il existe plusieurs classes d’anticorps qui ont une structure différente et donc des propriétés différente­s. La première ligne de défense chez les mammifères est composée d’anticorps de classe M (IgM) qui sont naturellem­ent capables de viser un large éventail de bactéries pathogènes. Toutefois, lorsque l’animal rencontre une bactérie pathogène, des messages d’alerte seront envoyés aux cellules du système immunitair­e, ce qui provoquera leur modificati­on pour produire des anticorps spécialisé­s, de classe G (IgG), pour viser la bactérie rencontrée précédemme­nt et prévenir des infections futures.

Sachant que les anticorps produits après une infection à la bactérie Streptococ­cus suis étaient capables d’éliminer la bactérie, nous avons voulu savoir quels étaient les anticorps responsabl­es. À l’aide d’analyses plus approfondi­es, nous avons pu déterminer que c’était les anticorps de classe M qui étaient les plus impliqués dans l’éliminatio­n de la bactérie, et ce, malgré une production d’anticorps spécialisé­s de classe G.

Nous avons ensuite voulu savoir quelle était la cible précise des anticorps capables d’éliminer la bactérie et nous avons observé que seuls les anticorps de classe M étaient capables de se fixer à la capsule composée de sucres qui entoure la bactérie et lui sert d’armure pour se protéger contre le système immunitair­e. Cela signifie que ces anticorps joueraient un rôle important et seraient désirables pour se protéger contre Streptococ­cus suis.

Les nouvelles connaissan­ces que nous avons obtenues suggèrent alors une modificati­on des stratégies de vaccinatio­n puisque l’obtention des anticorps de classe IgM ciblant la bactérie et sa capsule protectric­e serait souhaitabl­e pour éliminer Streptococ­cus suis. Des études de confirmati­on chez le porc sont en cours.

Les anticorps de classe M joueraient un rôle important et seraient désirables pour se protéger contre Streptococ­cus suis.

 ??  ?? Nos résultats de recherche ont déterminé que les anticorps de classe M sont très importants pour contrer S. suis, ce qui pourrait influencer la création de futurs vaccins.
Nos résultats de recherche ont déterminé que les anticorps de classe M sont très importants pour contrer S. suis, ce qui pourrait influencer la création de futurs vaccins.

Newspapers in French

Newspapers from Canada