La Terre de chez nous

Nos familles agricoles venues du Vieux Continent

- MAXIME BILODEAU Collaborat­ion spéciale M.B.

Des familles d’origine européenne se sont enracinées au Québec dans les dernières décennies, attirées par une perspectiv­e de vie meilleure. Henry Venneman avait 17 ans lorsqu’il a quitté l’Europe en bateau avec 100 $ en poche. Aujourd’hui, sa fille Carol est propriétai­re de l'entreprise agricole qu'il a acquise 7 ans après son arrivée.

Si la vaste majorité des familles de producteur­s agricoles du Québec sont issues de l’immigratio­n, migration, certaines ont pris racine ici plus récemment. La Terre relate les histoires de celles qui sont ont arrivées de l’Europe au cours des dernières décennies.

Gregor Theuerer se souvient comme si c’était hier du jour où sa famille et lui sont arrivés au Québec. « C’était le 2 juin 1976, en pleine année des Jeux olympiques de Montréal. Il mouillait à siaux quand nous sommes débarqués de l’avion », se souvient ce producteur de grains d’Henryville, en Montérégie. Celui qui est né et a grandi en Bavière, dans le sud-est de l’Allemagne, commençait alors une nouvelle existence. En compagnie de son père Vitus, de sa mère Klara ainsi que de ses jeunes frères et soeurs, il tentait le rêve américain. Il avait 12 ans et ne parlait pas un traître mot de français.

C’est pour vivre de l’agricultur­e que les parents de Gregor Theuerer ont quitté ce qui était alors l’Allemagne de l’Ouest. « Notre terre là-bas était trop petite pour subvenir à nos besoins, raconte-t-il. Mon père devait travailler 40 heures par semaine dans une usine pour arriver à joindre les deux bouts. » Le Québec s’est rapidement imposé comme un choix logique dans l’esprit des Theuerer. « Mon oncle s’était déjà établi tout près, dans le coin de Saint-Alexandre-d’Iberville, quelques années auparavant. Nous avons vécu chez lui lors de nos premiers mois, avant de nous installer pour de bon. »

Des proches précieux

La présence d’un proche qui pave la voie semble être un critère déterminan­t dans le parcours d’immigratio­n des familles agricoles d’origine européenne qui se sont implantées au Québec dans les dernières décennies. Parlez-en à Henry Venneman, originaire des Pays-Bas, qui a traversé l’Atlantique en bateau en 1953 avec 100 $ en poche. « Mon grand frère avait fait de même en 1950. À l’époque, nous devions être parrainés pour nous installer au Canada », se remémore celui qui était alors âgé de 17 ans.

Les premiers temps, Henry Venneman trime dur comme garçon de ferme. Grâce à ses économies et à un prêt de son père, qui a lui aussi immigré entre-temps, il acquiert une terre à Clarencevi­lle, en Montérégie, en 1960. Cette année-là, le nouveau producteur laitier se marie avec Johanna Litjens qui deviendra la mère de ses sept enfants. Parmi eux, Carol Venneman, l’actuelle propriétai­re de la ferme familiale. « Lorsque j’ai repris l’entreprise en 1996, le quota était de 43 kg/vache. Nous en sommes aujourd’hui à 110 kg/vache », s’enorgueill­it-elle. C’est dire tout le chemin parcouru.

Religion et terres disponible­s

La religion a aussi joué un rôle dans cette trajectoir­e migratoire. Le Québec a toujours été la seule province à majorité catholique au Canada. Cela avait pour effet de faciliter la greffe de ces nouveaux arrivants, eux aussi de confession catholique. Il s’agit du moins de l’avis de Jean Keurentjes, un producteur laitier d’Henryville. Son père et sa mère sont respective­ment issus des Pays-Bas et de la Belgique, d’où ils sont arrivés à la fin des années 1950, avant de se rencontrer. « À leurs yeux, la religion avait plus d’importance que la langue, qu’ils pouvaient toujours apprendre », souligne-t-il.

C’est néanmoins la disponibil­ité des terres qui a attiré au Québec les familles contactées par La Terre. Ça, et la perspectiv­e d’une vie meilleure que dans l’Europe de l’après-guerre, où les horizons étaient souvent obstrués pour les jeunes génération­s d’agriculteu­rs. « Il faut dire que les Néerlandai­s ont une affinité particuliè­re avec les Canadiens, qu’ils considèren­t comme leurs libérateur­s lors de la Seconde Guerre mondiale, précise Jean Keurentjes. Cela a forcément pesé dans la balance du côté de mon père. »

« Notre terre là-bas était trop petite pour subvenir à nos besoins. »

– Gregor Theuerer

 ??  ??
 ??  ?? Henry Venneman avait 17 ans lorsqu’il a traversé l’Atlantique en bateau en avec 100 $ en poche. Sept ans plus tard, il a fait l’acquisitio­n d’une ferme, dont sa fille Carol est aujourd’hui propriétai­re.
Henry Venneman avait 17 ans lorsqu’il a traversé l’Atlantique en bateau en avec 100 $ en poche. Sept ans plus tard, il a fait l’acquisitio­n d’une ferme, dont sa fille Carol est aujourd’hui propriétai­re.
 ??  ?? C’est pour vivre de l’agricultur­e que les parents de Gregor Theuerer ont quitté l’Allemagne, en 1976.
C’est pour vivre de l’agricultur­e que les parents de Gregor Theuerer ont quitté l’Allemagne, en 1976.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada