Une rare étude sur la question
Peu de chercheurs se sont intéressés à l’établissement d’immigrants d’origine européenne en milieu rural au Québec. Myriam Simard, professeure retraitée au Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) est parmi les rares à avoir travaillé sur la question.
Dans une étude parue en 1995 et subventionnée par le gouvernement du Québec, la sociologue et anthropologue s’attarde au cas spécifique de ces entrepreneurs agricoles dans les quatre secteurs où ils se retrouvaient alors en plus grand nombre : les Bois-Francs, l’Estrie, les environs de Saint-Hyacinthe et le sud-ouest de Montréal. L’étude fait écho à une enquête effectuée auprès de 27 immigrants, soit neuf Belges, neuf Français et neuf Suisses, arrivés du Vieux Continent à la fin des années 1970.
On y apprend que ces nouveaux arrivants recourent à plusieurs stratégies pour favoriser leur processus d’insertion dans leur société d’accueil. Celles-ci se basent surtout sur l’implication active dans des réseaux formels, comme des cercles professionnel, et informels, comme des associations politiques. Le recours au réseau de parenté, c’est-à-dire au cercle allant au-delà de la famille nucléaire, est peu employé, « sans doute en raison de l’absence d’un groupe important de parenté en région », relève l’autrice.
La chercheuse note qu’environ quinze années après leur arrivée, la majorité des participants rencontrés se sont bien intégrés sur le plan du travail, mais pas dans les autres domaines. « Ceci reflète-t-il, outre le temps nécessaire pour se familiariser, une certaine méfiance ou distance sociale des natifs à l’égard des étrangers? La question reste ouverte », écrivait Myriam Simard.