La Terre de chez nous

Rétention n vétérinair­e ire ardue

- PATRICIA BLACKBURN pblackburn@ laterre.ca

L’Ordre des médecins vétérinair­es du Québec (OMVQ) s’attaquera dans les prochaines semaines au problème de rétention des vétérinair­es, qui sont nombreux à quitter leur pratique ou à réorienter leur carrière cinq à quinze ans après avoir gradué.

« C’est une hémorragie », illustre le Dr Gaston Rioux, président de l’OMVQ. Sur les 2 850 vétérinair­es actifs, 1 400 ont répondu à un sondage mené par l’organisati­on pour mieux anticiper le taux de rétention de ses membres. Les résultats ont créé la surprise. Parmi ces répondants, 56 % ont indiqué qu’ils songeaient à quitter leur pratique ou à se réorienter, révèle M. Rioux. « Ce problème est l’un des plus urgents à régler pour éviter d’aggraver la pénurie de vétérinair­es qui touche actuelleme­nt tous les secteurs de la pratique, tant celui des petits animaux que des animaux de ferme », croit-il.

Afin de choisir les bonnes méthodes pour y remédier, l’OMVQ mènera prochainem­ent une enquête, en collaborat­ion avec des chercheurs de l’Université du Québec à Montréal, auprès de vétérinair­es qui ont déjà quitté la profession afin de mieux connaître les raisons de leur choix. « Ces raisons peuvent varier selon le secteur de pratique, mais nous savons déjà que plusieurs migrent vers l’enseigneme­nt ou la fonction publique afin de bénéficier de conditions plus favorables à la conciliati­on travailfam­ille », avance le président de l’Ordre.

Regarnir les bancs d’école et les régions

Ce problème de rétention s’ajoute à d’autres facteurs aggravants comme les départs à la retraite, et explique en partie cette pénurie de vétérinair­es qui touche le Québec. « C’est autant un problème de nombre que de répartitio­n des vétérinair­es sur le territoire », spécifie la Dre Christine Theoret, doyenne de la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal. Celle-ci mentionne qu’un groupe de travail a déjà permis de cibler et de mettre en place des actions pour amoindrir cette pénurie dans le secteur des animaux de compagnie et des animaux de la ferme. « On est partis des données compilées dans deux études, dont une du MAPAQ [ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec] réalisée en 2020 sur les services vétérinair­es dans le domaine bioaliment­aire, pour trouver des solutions », explique-t-elle.

Le nombre de nouveaux étudiants admis a par exemple été rehaussé à 96 par année, ce qui constitue le maximum de la capacité d’accueil de la Faculté, précise la Dre Theoret. « Nous avons aussi développé un autre projet visant à ouvrir une école satellite à l’Université de Rimouski, où nous pourrons former 25 étudiants supplément­aires pour mieux desservir les régions éloignées », ajoute-t-elle. Ce projet est en attente du feu vert gouverneme­ntal.

D’autres actions ont également été prises afin d’inciter plus d’étudiants à orienter leur formation vers les animaux de ferme, avec notamment la sélection préférenti­elle de 15 candidats par année en fonction de leur intérêt ou leur expérience dans ce secteur. Des stages offerts par le MAPAQ permettent également aux étudiants qui n’ont pas d’expérience à la ferme de se familiaris­er avec le type d’animaux qu’on y côtoie.

 ??  ??
 ??  ?? De nombreux facteurs, dont les départs à la retraite et la rétention, contribuen­t à la pénurie de vétérinair­es qui touche autant le secteur des animaux de ferme que celui des animaux de compagnie.
De nombreux facteurs, dont les départs à la retraite et la rétention, contribuen­t à la pénurie de vétérinair­es qui touche autant le secteur des animaux de ferme que celui des animaux de compagnie.
 ??  ?? Christine Theoret
Christine Theoret
 ??  ?? Gaston Rioux
Gaston Rioux
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada