19 % des milieux humides perdus
La chercheuse Stéphanie Pellerin, qui se spécialise dans le domaine des milieux humides et hydriques, se dit déçue par les assouplissements proposés par Québec. « Au départ, l’objectif était de ne plus avoir de pertes [de milieux humides], mais maintenant, c’est clair qu’on ne sera jamais capable d’atteindre le zéro perte. […] Sociétalement, nous sommes tous perdants. Détruire l’environnement a un coût », dit celle qui a travaillé à contrat pour le ministère de l’Environnement afin de brosser le portrait de la perte des milieux humides dans les basses-terres du Saint-Laurent en 2013.
Dans cette portion du territoire, la perte de ces milieux était attribuable principalement à l’agriculture (44 %) et à l’industrie forestière (25 %). À son grand étonnement, le développement résidentiel ne représentait que 5 % des superficies perdues. Désormais à l’emploi de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal, Stéphanie Pellerin rappelle que 19 % des milieux humides ont ainsi été détruits en 20 ans, et la destruction se poursuit, assure-t-elle.
« C’est fait en cachette. Des milieux humides sont grugés petit à petit chaque année. Une bande de 20 mètres, ça ne paraît pas, mais l’accumulation de ces pertes fait la différence. On le voit sur les photos et souvent, les gens connaissent les milieux humides. Ils le font en se disant que les règlements vont s’assouplir. Il y a un peu d’aveuglement volontaire », constate la chercheuse. Elle rappelle que les milieux humides sont pourtant précieux pour les producteurs agricoles, puisqu’ils atténuent les sécheresses et offrent une protection contre les inondations.
« Une bande de 20 mètres, ça ne paraît pas, mais l’accumulation de ces pertes fait la différence. »
- Stéphanie Pellerin
Mme Pellerin comprend toutefois les agriculteurs qui veulent maximiser la superficie d’une terre qu’ils ont achetée sans savoir qu’elle comprenait des milieux humides. À ce sujet, elle souligne qu’il faudrait inscrire dans la déclaration du vendeur la présence de milieux humides et les frais qui y sont rattachés si le futur propriétaire veut les détruire.