La Terre de chez nous

Ensemble dans un modèle à leur image

- ENORA CORDIER

Désireux de valoriser leur métier, les jeunes de la relève agricole prennent la plume à tour de rôle pour raconter leur quotidien. Cette semaine, la Fédération de la relève agricole du Québec partage avec plaisir sa chronique avec la CAPÉ — Coopérativ­e pour l’agricultur­e de proximité écologique.

Lorsqu’on part à la rencontre de la relève, on comprend l’amplitude de la singularit­é et la richesse des parcours. S’il est quasi impossible de tous les découvrir, en voici aujourd’hui un, celui de la Coop La Charrette, à Charette, en Mauricie.

On est en 2009. Sur les bancs du Cégep Saint-Laurent de Montréal se rencontren­t Mia et Flo. Une amitié joyeuse les lie, et déjà, elles savent que leurs chemins ne seront pas près de se quitter, rêvant de vieillir ensemble en menant une vie de « sorcières-maraîchère­s ». Si les études ne les ont pas amenées sur le chemin des champs, c’est dans les couloirs de l’UQAM, face à l’affichette qui promeut les paniers de légumes du Réseau des fermiers de famille, que Flo se dit : « Oh, mais c’est ça que je veux faire dans la vie! »

Presque 12 ans après, des expérience­s plein les poches, la tête et le coeur, elles ont certes vieilli ensemble, mais aussi construit un projet agricole à leur image, accompagné­es d’Alex et Max, amis et amoureux pour la vie. Ils forment tous les quatre une joyeuse bande, habitée par l’idée de nourrir le monde. Après plusieurs saisons dans des fermes, les ami.es sautent le pas début 2018.

La structure de coopérativ­e de travail a été une évidence. Toutes les valeurs qui leur étaient chères étaient regroupées dans un statut juridique. Le rêve! Rêve aussi nourri par l’émergence de modèles inspirants de coopérativ­es au Québec. Ce modèle permettait aussi de leur offrir des statuts favorisant un rêve commun. « On savait qu’on voulait des enfants quand on a fondé la coop. On s’imaginait notre gang d’ami.es avec nos enfants tout nu.es dans les champs. Et aujourd’hui, c’est ce qui se passe », raconte Flo.

En quatre ans de coopérativ­e, huit enfants sont né.es au sein des membres et des employé.es. « Les enfants à la ferme, c’est de la magie! Il y a des moments extraordin­aires, car nos enfants font leurs premiers pas sur des planches de brocolis et ont accès à tous les légumes. » Si on dit qu’il faut un village pour éduquer un enfant, alors les fermes sont des places publiques où passent des gens qui viennent du bout du rang ou de partout dans le monde et qui, aux dires des parents, offrent aussi aux enfants une ouverture au monde.

Si tout le monde admet que démarrer une entreprise en même temps qu’une famille est un défi, cela les a aussi forcés à se structurer pour que chacun.e puisse déployer conjointem­ent sa parentalit­é et son travail. Puisque personne n’habite sur place, favoriser l’efficacité du temps à la ferme est indispensa­ble pour respecter cet équilibre ferme/famille. Autres stratégies : l’augmentati­on de l’équipe et du partage des responsabi­lités et une bonne organisati­on, avec la création en hiver d’une logistique qui apportera de la fluidité à la folie estivale.

Tous ces défis n’arrêtent pas leurs rêves, car l’année dernière, la coop a acheté une nouvelle terre, passant de locataires à propriétai­res. Un déménageme­nt est prévu en 2023 avec un doublage des surfaces de production. Faisant avancer leurs trois familles, et leur entreprise du même front, ce qu’on retient au contact de cette gang, c’est certes l’ambition de changer le monde, de nourrir la communauté, mais aussi d’être ensemble dans la joie, où leur amitié prédomine.

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La structure de coopérativ­e de travail a été une évidence pour ce groupe d’amis.
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