Une empreinte qu’ils s’efforcent d’amoindrir
Que ce soit par des projets collectifs de biométhanisation ou encore par des investissements à la ferme pour rendre leurs installations moins énergivores, des agriculteurs posent des gestes concrets dans le but de réduire leur empreinte environnementale.
Plusieurs agriculteurs souhaitent faire leur part pour réduire les gaz à effet de serre émis à la ferme. Dernièrement, certains se sont regroupés, comme dans les projets Agri-Énergie Warwick et Agriméthane Saguenay, alors que d’autres y vont d’investissements à la ferme, encouragés par des subventions gouvernementales.
Certains producteurs ont décidé de se regrouper afin de participer à des projets d’envergure visant à réduire leur émission de gaz à effet de serre. Dans le Centre-duQuébec, depuis juin, le lisier des vaches de 12 producteurs laitiers est récupéré et transformé en biogaz et en engrais à l’usine de biométhanisation de la Coop Agri-Énergie Warwick.
Un tel projet est difficilement réalisable individuellement. « C’est trop dispendieux et c’est compliqué, le traitement de purification », précise Andreas Studhalter, qui a embarqué dans le projet avec son frère Urs Studhalter, de la Ferme Irma située à Saint-Albert.
Avec ce projet, l’implication à la ferme est peu demandante. Un camion passe entre deux à quatre jours par semaine récupérer le fumier et y laisse l’engrais obtenu avec le digestat. Les producteurs ont simplement dû adapter leur installation pour faciliter l’accès au camion. « Ce n’est pas un gros investissement », assure Éric Houle, de la Ferme Erilis à Victoriaville et vice-président de la coopérative. Pour lui, le fait que les producteurs soient impliqués dans les décisions fait en sorte qu’ils contrôlent mieux la matière qui leur est retournée en guise d’engrais naturel.
Les producteurs membres ont contribué financièrement à la construction de l’usine et une partie des revenus leur reviendra. « Ça leur permet d’être plus résilients avec les différents accords commerciaux qui les affectent et d’avoir un revenu supplémentaire et hors agriculture », souligne l’agronome Josée Chicoine, qui est à la fois codirectrice générale de Coop Agri-Énergie Warwick et directrice du développement agroalimentaire à la Coop Carbone. Cette organisation développe des projets coopératifs de biométhanisation agricole au Québec.
Lorsque le projet atteindra sa pleine capacité, il produira 2,3 millions de mètres cubes (m3) de gaz naturel renouvelable, qui sera envoyé dans le réseau. Cela représente une réduction de CO2 équivalant à plus de 1 600 voitures de moins sur la route. « L’usine a un impact important sur l’environnement, le social et l’économie; c’est rare », affirme Mme Chicoine. D’ailleurs, la Coop Carbone envisage de construire une seconde usine, à Victoriaville cette fois, et souhaiterait lancer d’autres projets dans trois autres régions.
Autre projet au Saguenay
Au Saguenay, un projet similaire est en train de se mettre en branle parmi un groupe formé de 12 producteurs laitiers ainsi que de trois transformateurs baptisé le Groupe Laitier Carboneutre.
Ces derniers ont approché le Centre collégial de transfert de technologie Agrinova, relié au Collège d’Alma, pour les épauler dans leur projet Agriméthane Saguenay.
La construction devrait se faire dans les prochaines années afin d’être en mesure d’injecter le gaz naturel renouvelable dans le réseau en 2024. « Le projet est important pour la région. On veut se démarquer comme leader et les producteurs veulent diminuer leur empreinte écologique », indique Martin Garon, directeur général chez Agrinova. Le plan prévoit une production de 2,5 millions de m3 de gaz, qui aura comme diminution l’équivalent de 2 000 voitures.
Actuellement, des études sont menées afin de déterminer lequel des trois sites sélectionnés permettra d’être le plus rentable en considérant la distance entre l’usine et les producteurs ainsi qu’avec le réseau. Parmi les trois qui sont ciblés pour le moment, l’un est plus controversé puisque des résidents craignent les odeurs et le passage de camions. « En réalité, le site est loin et quand le digestat est bien digéré, ça ne sent rien », fait valoir Martin Garon, d’Agrinova.