La Terre de chez nous

Des producteur­s sur le qui-vive

- PATRICIA BLACKBURN pblackburn@ laterre.ca

Le prix élevé du porc sur le marché aide les éleveurs à absorber les pertes engendrées par le nombre de porcs en attente dans les élevages et le prix élevé du grain. Mais avec la peste porcine africaine (PPA) aux portes des États-Unis, certains craignent une éclosion en territoire américain qui provoquera­it une chute des prix pour les producteur­s québécois.

C’est la facette la plus inquiétant­e par rapport à la découverte récente de foyers d’éclosions de PPA en République dominicain­e, estime Mathieu Bisson, producteur de porcs à Sainte-Marie, dans ChaudièreA­ppalaches. « Car la PPA, ce n’est pas une maladie comme la SRRP [syndrome reproducte­ur et respiratoi­re porcin], qui se transmet par aérosol. Et je crois que nos mesures actuelles de biosécurit­é sont efficaces. Par contre, les dommages qu’on pourrait subir sur le plan économique sont inquiétant­s si une éclosion de PPA survient aux États-Unis et que les prix chutent là-bas, puisque nos prix sont fixés en fonction des leurs. Ça pourrait faire de gros dommages, parce qu’on n’a pas pu faire de réserves depuis un an », précise M. Bisson.

Ralentisse­ment de production

La grève à l’usine d’Olymel de ValléeJonc­tion, déclenchée avant même que la situation des porcs en attente générée par la pandémie de COVID-19 soit complèteme­nt résorbée, n’a pas permis aux éleveurs de reprendre leur souffle jusqu’à maintenant. « Actuelleme­nt, on arrive à s’en tirer sans abattre de porcs, mais pour ça, j’ai dû sauter une entrée de pouponnièr­e. Ça nous aide à avoir la place pour garder les porcs plus longtemps, mais en revanche, je perds quatre semaines de production et les pertes financière­s qui en découlent. La chaleur nous aide un peu aussi, parce que les porcs engraissen­t moins vite », ajoute celui qui livre normalemen­t ses animaux à l’abattoir de Vallée-Jonction.

Plus de maladies

La surcharge de porcs dans les bâtiments entraîne par ailleurs une gestion plus difficile des mesures sanitaires. « On traîne encore des maladies qu’on avait depuis le début de la COVID-19, parce qu’on n’a jamais été capables de vider complèteme­nt nos bâtiments pour tout nettoyer », indique M. Bisson.

Une situation observable dans la majorité des élevages en ce moment, reconnaît Frédéric Labelle, responsabl­e des communicat­ions pour les Éleveurs de porcs du Québec. « On voit effectivem­ent une certaine hausse des cas de SRRP ou de diarrhée épidémique porcine (DEP) un peu partout en raison du nombre de porcs en attente », confirme-t-il sans toutefois pouvoir chiffrer les pertes liées à ces maladies, très variables d’un site à l’autre.

Pour le producteur Mathieu Bisson, ces maladies ont causé des pertes de 7 % par lot, alors qu’en temps normal, elles avoisinent les 3 %. « Ce sont toutes ces petites choses qui s’ajoutent l’une à l’autre et qui font que s’il y avait une chute du prix du porc québécois sur le marché, ça ferait mal. Je me sens un peu comme la gymnaste Ellie Black en équilibre sur la poutre aux Olympiques de Tokyo », résume le producteur.

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Le phénomène d’entassemen­t des porcs dans les élevages n’est pas nouveau pour les producteur­s de la province, qui doivent s’adapter à cette situation depuis plus d’un an et en subir les incidences économique­s.
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Mathieu Bisson

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