La Terre de chez nous

Santé Canada recule sur le glyphosate

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

Le gouverneme­nt du Canada a publié le 4 août un communiqué de presse dans lequel il dit suspendre « toutes les propositio­ns d’augmentati­on des LMR [limites maximales de résidus] actuelleme­nt à l’étude », incluant le glyphosate. De plus, le fédéral déclare qu’il renforcera la capacité et la transparen­ce du processus d’examen des pesticides. Cette décision fait suite au mécontente­ment véhiculé dans l’opinion publique et les doutes soulevés quant à la crédibilit­é du système d’homologati­on des pesticides du fédéral.

Inconfort

La ministre fédérale de l’Agricultur­e, Marie-Claude Bibeau, paraissait visiblemen­t mal à l’aise, en entrevue avec La Terre le 30 juillet, de voir son gouverneme­nt évaluer une demande visant à hausser les limites maximales de résidus de plusieurs pesticides alors que les citoyens et le milieu agricole souhaitent diminuer l’utilisatio­n de pesticides.

Face à la mauvaise presse, le gouverneme­nt du Canada a spécifié le 4 août « qu’aucune augmentati­on des limites maximales de résidus n’aura lieu avant au moins le printemps 2022 ». Cela signifie que le fédéral se donne quelques mois pour réévaluer le processus de demande d’approbatio­n des pesticides au Canada, de même que certaines dispositio­ns de la Loi sur les produits antiparasi­taires.

De surcroît, le gouverneme­nt fédéral a annoncé un investisse­ment de plus de 50 M$ dans son Agence de réglementa­tion de la lutte antiparasi­taire (ARLA) et dans la recherche sur la lutte antiparasi­taire d’Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada. Le gouverneme­nt espère que cela devrait, entre autres, permettre d’améliorer la production de données indépendan­tes pour appuyer davantage les décisions d’examen des pesticides.

Homologati­ons conditionn­elles

En raison d’un manque de données indépendan­tes, le fédéral se fait reprocher depuis longtemps de trop baser son évaluation des pesticides sur les données des compagnies de pesticides. Les homologati­ons conditionn­elles sont également montrées du doigt. Celles-ci font en sorte que même si les évaluation­s ne sont pas complétées, les pesticides peuvent être vendus pendant des années.

En 2015, un rapport du Comité sénatorial permanent de l’agricultur­e et des forêts a demandé à l’ARLA de statuer plus rapidement sur les homologati­ons conditionn­elles, citant notamment Julie Gelfand, commissair­e à l’environnem­ent et au développem­ent durable, qui confirmait que, selon une vérificati­on menée en 2008, on comptait neuf pesticides homologués conditionn­ellement pour une période de 10 à 20 ans.

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Le gouverneme­nt Trudeau recule et décide de suspendre toutes les propositio­ns d’augmentati­on des limites maximales de résidus de pesticides actuelleme­nt à l’étude.
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