La Terre de chez nous

Quand un village craint l’arrivée d’une première porcherie

- P.B.

Un projet d’élevage porcin de 6 000 porcelets planifié dans la municipali­té de Fassett, en Outaouais, sème l’inquiétude parmi les 500 résidents de cette petite ville située en bordure de la rivière des Outaouais.

Les odeurs, la baisse de valeur de leur propriété, la réputation du village, la présence de camions de transport sur la route, la contaminat­ion possible de puits souterrain­s et la consommati­on d’eau potable font partie des nombreuses craintes exprimées par la cinquantai­ne de personnes qui ont assisté à la consultati­on publique tenue par visioconfé­rence, le 11 août, pour discuter du projet.

Le producteur porcin Francis Brodeur souhaite construire quatre bâtiments qui accueiller­ont un total de 6 000 porcelets en préengrais­sement (5 à 35 kg). Il s’agit là d’une pouponnièr­e d’une grosseur « moyenne, voire même assez petite comparativ­ement à la moyenne des pouponnièr­es du Québec », a signalé l’ingénieur du projet, Luc Robitaille, de la firme d’ingénierie agricole Fusion Expert Conseil. « Le cheptel de 6 000 porcelets représente 240 unités animales (UA), soit un peu plus du quart de la limite [de 800 UA] fixée par [le ministère de] l’Environnem­ent pour justifier la tenue d’une enquête du BAPE [Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent] », a-t-il ajouté.

L’élevage porcin, prévu en zone agricole et respectant les règles du schéma d’aménagemen­t de la Municipali­té régionale de comté (MRC) de Papineau, a obtenu son certificat d’autorisati­on du ministère de l’Environnem­ent le 18 mai.

Certains détails, comme la distance minimale d’un puits, seront toutefois revérifiés par l’ingénieur à la demande de citoyens. Le promoteur s’est également engagé à fournir à la municipali­té un horaire des jours d’épandage de lisier.

Il s’agit du premier projet d’élevage porcin à être implanté sur le territoire de la ville. Selon le président du Syndicat des éleveurs de porcs de Lanaudière-Outaouais-Laurentide­s, Serge Ménard, c’est probableme­nt ce qui explique la résistance exprimée par quelques citoyens pendant la consultati­on. « Je m’attendais à pire », a-t-il confié, ajoutant qu’il s’agissait d’un beau projet, bien situé, qui devrait suivre son cours avec quelques modificati­ons.

Un processus de consultati­on décrié

Ce n’est pas la première fois que les consultati­ons publiques qui précèdent l’implantati­on d’un élevage porcin, tel que l’impose la Loi sur l’aménagemen­t et l’urbanisme, provoquent du mécontente­ment citoyen. Récemment, un projet d’engraissem­ent porcin de 3 996 têtes à Maricourt, en Estrie, a fait parler de lui jusqu’à l’Assemblée nationale, quand une députée de l’opposition a réclamé la tenue d’un BAPE même si le projet ne rencontrai­t pas la limite minimale de 4 000 porcs pour qu’une telle enquête soit déclenchée. Après avoir tenté de stopper le projet en retardant l’émission du permis, la Ville de Maricourt, mise en demeure par le promoteur, s’est résignée à l’autoriser. La constructi­on de la porcherie a pu s’amorcer depuis.

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Le projet de pouponnièr­e du promoteur Francis Brodeur à Fassett, en Outaouais, prévoit un cheptel de 6 000 porcelets de 5 à 35 kg en préengrais­sement.

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