Quand trop vouloir aider finit par nuire
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Pour l’aide d’un travailleur de rang : 450 768-6995.
En tant qu’intervenante psychosociale, je rencontre souvent des gens, des producteurs et productrices qui « ont tout fait », « tout essayé », pour aider un de leurs proches aux prises avec des troubles de santé mentale ou des dépendances. Paradoxalement, lorsqu’il s’agit d’apporter son soutien à quelqu’un qui a du mal à se mobiliser, trop c’est comme pas assez.
Les membres de ces familles sont plus souvent qu’autrement à bout de souffle et de ressources. Ils commencent à présenter des signes d’insomnie, de stress chronique, de dépression. Parvenus à l’épuisement, l’espoir que leur proche s’en sorte diminue. En outre, ils sont divisés par des conflits. En effet, au sein de la famille, certains sont d’avis qu’il faut aider plus et d’autres, moins. Parfois, certains sont à un point de non-retour; ils envisagent alors de couper les ponts parce que c’est trop lourd pour eux. Même l’idée de recourir à de l’accompagnement par un intervenant ne leur procure plus d’espoir. Ils demeurent convaincus qu’il n’y a plus rien à faire, puisqu’ils ont déjà « tout fait ».
Le détachement de l’intervenant
Je vous entends déjà dire : « Qu’est-ce qu’il ou elle pourrait faire de plus que moi? » Rien de plus... et probablement, moins. Savezvous quel est le premier atout de l’intervenant? Il ou elle n’a pas les mêmes liens émotionnels et affectifs qui vous lient à la personne. L’intervenant a plus de détachement, tout en étant empathique et bienveillant. Il est très difficile d’aider adéquatement vos amis, vos enfants, vos frères et soeurs, voire vos parents, parce que vous les aimez, parce que vos émotions dictent vos actions et parce que vous voulez les protéger du pire.
Prenons l’exemple de Martin, agriculteur âgé de 32 ans et joueur compulsif. Il joue principalement en ligne et tout son argent y passe, de même que celui emprunté à son entourage. Il a eu de nombreux déboires et ses proches sont venus à sa rescousse plus d’une fois. Comment? En camouflant la réalité pour qu’il ne perde pas une nouvelle petite amie. En payant ses dettes de jeu. En l’aidant à payer son hypothèque et les fournisseurs de la ferme. En lui payant une épicerie pour se nourrir adéquatement. En l’aidant aux travaux de la ferme. En n’exigeant pas d’être remboursés, même lentement, pour l’argent prêté. C’est beaucoup d’énergie, de temps et d’argent dépensés pour aider un proche malgré lui. C’est ainsi qu’on perd l’espoir, qu’on s’éreinte et qu’on s’épuise.
Comment aider?
Combien de fois ai-je entendu : « Je l’ai sorti du trou et maintenant il me fait ça! » Le membre de la famille qui vient en aide entretient l’espoir que la personne « guérisse » une fois pour toutes. En conséquence, lors d’une rechute, la personne aidante est extrêmement déçue. Comment alors, peut-on aider un membre de sa famille ou un ami? En étant présent. En écoutant et en gardant les canaux de communication ouverts. En préservant la relation. En ne jugeant pas. En valorisant les efforts. En mettant ses propres limites. Finalement, en identifiant les services pour les rôles qu’on ne devrait pas jouer. On l’invite à souper, mais avec certaines balises et limites. On prend de ses nouvelles et on écoute sans faire la morale. On privilégie les bons moments ensemble. On prend des ententes pendant une période où la personne va bien sur ce qu’on devra faire et comment le faire quand elle ira moins bien. On ne fait pas le guichet automatique. On ne s’improvise pas thérapeute ou intervenant en dépendances.
Si vous avez un proche en difficulté, vous pourriez bénéficier d’une aide pour l’accompagner tout en préservant votre énergie et votre relation. N’hésitez pas à faire appel à un travailleur de rang et à un professionnel lié aux dépendances pour vous accompagner dans cette démarche. La Maison Jean Lapointe, Jeu : aide et référence, Gamblers Anonymes et Gam-Anon sont des ressources pouvant aussi vous être utiles.
Le membre de la famille qui vient en aide entretient l’espoir que la personne « guérisse » une fois pour toutes. En conséquence, lors d’une rechute, la personne aidante est extrêmement déçue.