La Terre de chez nous

Ils portent les valeurs de leurs ancêtres

- MAURICE GAGNON Collaborat­ion spéciale

Installée dans le petit village de Sainte-Hélène-de-Mancebourg en Abitibi, la famille Morin vit au rythme lent des saisons, portant les valeurs et le courage de trois génération­s d’agriculteu­rs et de défricheur­s. Les travaux de la Ferme des Mariniers et l’enseigneme­nt à la maison meublent le quotidien de cette fratrie solidement enracinée dans son coin de pays.

SAINTE-HÉLÈNE-DE-MANCEBOURG – Quand Rémi raconte l’arrivée sur la terre de ses grands-parents, Hercule et Joséphine, en 1936, on imagine facilement des passages pittoresqu­es du roman Maria Chapdelain­e transposés dans le paysage abitibien de la colonisati­on. Des 100 acres (40,5 hectares) qui lui étaient alloués, Hercule Morin devait en défricher 30 (12 ha) dans les deux premières années de son installati­on. À cette époque, on pratiquait une agricultur­e de subsistanc­e avec quelques vaches, des cochons et un cheval. Deux frères d’Hercule, Godias et Gédéon, ont eux aussi, au même moment, fait partie de cette phase de colonisati­on et se sont établis à Sainte-Hélène.

« Quand mon père, Majoric, a pris la relève, en 1957, avec son frère, Alphège, il a implanté un troupeau laitier », raconte Rémi Morin. Majoric a épousé Ghislaine Coulombe en 1960. Le lait était transformé en crème à l’aide d’un séparateur avant d’être vendu à des beurreries de la région.

Majoric Morin occupait en parallèle un emploi au moulin à scie et comme la famille s’était déjà agrandie de quatre enfants — elle en comptera 12 au total — la traite des vaches à la main était devenue une tâche trop exigeante. Il a donc converti le troupeau en bovins de boucherie. M. Morin a pu quitter son emploi au moulin et se consacrer exclusivem­ent aux travaux de la ferme en 1979.

À partir de 1997, Rémi et son frère Richard ont pris graduellem­ent la relève de leur père à la Ferme des Mariniers. Le troupeau, composé d’une soixantain­e de vaches dans les années 1980, compte aujourd’hui 260 têtes en pacage à l’année, dont 30 appartienn­ent à Valérie St-Amand, l’épouse de Rémi Morin. Une vingtaine de têtes de brebis et une vingtaine de têtes de daims s’ajoutent au troupeau.

Le couple a huit enfants âgés de 4 à 22 ans. « Ils apprennent le travail de la ferme, à respecter la nature et les animaux, mais ils ne sont pas obligés d’effectuer des tâches particuliè­res », souligne M. Morin. Sans savoir de quelle façon, le couple a bon espoir que certains prennent un jour la relève de la ferme.

L’école à la maison

Sept des huit enfants (cinq filles et trois garçons) reçoivent la formation scolaire chez eux. L’aîné travaille en journalism­e télé. « On a commencé l’école à la maison bien avant la pandémie », raconte Valérie qui a dû s’improviser professeur­e de la prématerne­lle jusqu’à la 2e année du secondaire. Des heures sont allouées chaque jour aux travaux scolaires et celles-là sont obligatoir­es. Par contre, les élèves ne sont pas tenus à un horaire strict comme à l’école convention­nelle. L’enseigneme­nt peut se faire à différents moments de la journée et même, en nature, où les jeunes côtoient le troupeau de daims. Ce qui a motivé le couple à proposer cette formule d’enseigneme­nt à leurs enfants, c’est surtout qu’avec les différents arrêts, les enfants perdaient deux heures par jour en transport scolaire, note Valérie. Même si certains ont expériment­é les deux formules, ils ont tous préféré étudier en famille et sont beaucoup plus motivés.

« Nos enfants apprennent le travail de la ferme, à respecter la nature et les animaux, mais ils ne sont pas obligés d’effectuer des tâches particuliè­res. » – Rémi Morin

Maire de sa municipali­té

En plus d’accompagne­r ses enfants dans leurs apprentiss­ages scolaires, Valérie St-Amand suit elle-même un programme collégial à distance en Gestion d’entreprise agricole. Rémi Morin,

pour sa part, est impliqué dans le syndicat local de l’Union des producteur­s agricoles secteur Abitibi Ouest depuis une vingtaine d’années, dont quatre ans à la présidence, et a été élu maire de sa municipali­té de 380 habitants le 7 novembre dernier. Il affirme que sa seule promesse est d’être à l’écoute des besoins de ses concitoyen­s.

Malgré tout, souligne Valérie, la famille trouve le temps de se reposer sur la plage privée près du lac

Abitibi à 10 minutes de VTT de chez eux et de prendre des vacances en été. « C’est mon frère Richard qui s’occupe alors de la ferme », ajoute Rémi.

Autant à la ferme que dans sa vie familiale et sociale, ce dernier croit que le travail d’équipe est la chose la plus importante.

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Rémi Morin et Valérie St-Amand entourés de leurs huit enfants (Majorie, Tally, Alexis, Charly, Rémi, Saralee, Marilee et Kelly) ainsi qu Arianne Lavergne (à gauche), la conjointe de leur aîné.
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Le troupeau bovin compte 260 têtes.

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