Le drainage des terres a transformé le portrait hydrique du Québec
Le portrait hydrique du Québec est complètement différent de ce qu’il était il y a environ 25 ans, selon Aubert Michaud, chercheur à l’Institut de recherche et de développement environnemental (IRDA). « On a investi pour creuser
30 000 km de cours d’eau. Aujourd’hui, ce sont 70 % des terres agricoles qui sont drainées », estime-t-il. Une grande partie de l’eau tombant du ciel n’entre conséquemment plus dans la terre comme elle pouvait le faire avant, ce qui ne permet plus la recharge des nappes phréatiques de surface. Certaines régions, comme la Montérégie, seraient encore plus vulnérables, signale le chercheur, en raison d’un manteau très épais d’argile qui empêche l’eau de pluie de pénétrer dans le sol.
Vers un drainage de précision?
Dans un contexte de changements climatiques, une simple fermeture des drains n’améliorerait pas pour autant la situation, croit le chercheur. « On a déjà creusé des ruisseaux et la première couche de la nappe phréatique est déjà asséchée », explique-t-il.
Toutefois, des recherches sont en cours avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec pour évaluer les effets d’un « drainage contrôlé », révèle-t-il. « Ce serait une sorte de gestion de précision du drainage, car les drains font déjà un très bon travail pour drainer les nappes au printemps. Mais est-ce qu’il y aurait un moyen de garder de l’eau une fois que c’est planté? » questionne M. Michaud, qui cite en exemple la culture des canneberges, qui a déjà recours à cette méthode pour conserver l’excédent d’eau du printemps dans des bassins afin de pouvoir inonder les champs par la suite.