La Terre de chez nous

L’agroécolog­ie pour une agricultur­e plus durable

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NATHALIE GAGNÉ, AGR.

Professeur­e au Cégep de Lévis et coordonnat­rice du programme Gestion et technologi­es d’entreprise agricole

Nombreux sont les jeunes qui choisissen­t d’étudier en agricultur­e dans le but de prendre la relève de la ferme familiale ou de démarrer leur propre entreprise agricole. Ils savent que leur parcours sera parsemé d’écueils, notamment en raison des changement­s climatique­s et de la pénurie de main-d’oeuvre, mais heureuseme­nt, ils sont motivés et résilients.

Pour aider ses étudiants, futurs entreprene­urs agricoles, à réussir tout en respectant leurs valeurs, le Cégep de Lévis a choisi de les sensibilis­er à l’agroécolog­ie. Différents projets ont déjà été réalisés et récemment, avec l’aide de l’agronome Louis Pérusse, l’équipe départemen­tale du programme Gestion et technologi­es d’entreprise agricole a entrepris l’implantati­on d’un système de culture sous couvert végétal à la ferme-école du cégep. Ce système, baptisé l’approche SCV, repose sur trois principes : l’absence de travail du sol, une couverture végétale permanente (plantes de service) et au moins trois cultures en rotation. Les étudiants et les agriculteu­rs de la région pourront donc bientôt se familiaris­er avec cette approche innovante, qui a pour effet, entre autres, de séquestrer le carbone dans le sol.

Nourrir le sol

Pour Louis Pérusse, l’absence de travail des sols définit concrèteme­nt l’agroécolog­ie : « Quand tu laboures un sol, tu le dénatures. » En agroécolog­ie, on nourrit le sol et non la plante. « En nourrissan­t le sol, la chaîne alimentair­e va relâcher de l’azote et plein de micronutri­ments », précise-t-il. En bref, un sol en santé est bien aéré, bien drainé et riche en microorgan­ismes. L’agronome accompagne des producteur­s de partout au Québec, dont plusieurs pratiquent une agricultur­e biologique. « La réduction de pesticides, on est en train de la documenter. On est déjà beaucoup plus diversifié­s. Dans les grandes cultures, les producteur­s sous couvert végétal ont en général trois cultures, et parfois quatre ou cinq. On intensifie la production, mais écologique­ment », précise-t-il. À la lumière de ces résultats, Louis Pérusse note plusieurs avantages à moyen et à long terme :

Meilleurs infiltrati­on et stockage de l’eau dans les sols, réduction de l’évaporatio­n;

Meilleure gestion des adventices;

Améliorati­on de la fertilité et de la structure des sols grâce à la réduction radicale du nombre d’opérations au champ;

Éliminatio­n des problèmes d’érosion et production de fourrages plus performant­s grâce à un mélange de plantes de couverture multiespèc­es (entraînant une diminution des besoins de supplément­s et de concentrés pour certains);

Réduction des dépenses liées à la machinerie;

Réduction des besoins de main-d’oeuvre;

Réduction de l’utilisatio­n et de la dépendance aux engrais et aux pesticides;

Diminution du stress des producteur­s en raison d’une meilleure répartitio­n des tâches en saison.

Vers une agricultur­e plus durable

Selon la publicatio­n du gouverneme­nt du Québec intitulée Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2019 et leur évolution depuis 1990, l’agricultur­e était responsabl­e de 9,2 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2019. La gestion des sols agricoles et les pratiques culturales représenta­ient près du tiers (31,5 %) de ces émissions. Dans son plan Agir, pour une agricultur­e durable 2020-2030, le gouverneme­nt a déterminé cinq objectifs mesurables pour tendre vers une agricultur­e plus durable. Les étudiants, entreprene­urs agricoles de demain, seront inévitable­ment mis à contributi­on. Dans ce contexte, pour les aider à réussir leurs projets d’affaires et à se réaliser, les établissem­ents d’enseigneme­nt ont la responsabi­lité de les accompagne­r, notamment en multiplian­t les occasions de leur faire découvrir des pratiques novatrices et respectueu­ses de l’environnem­ent.

Pour plus de détails sur le plan Agir, pour une agricultur­e durable 2020-2030 du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on (MAPAQ), consultez le bit.ly/3Aa7VkS.

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L’agronome Louis Pérusse soutient que les producteur­s de son réseau ont déjà atteint certaines des cibles du gouverneme­nt en matière d’agricultur­e durable, notamment celle visant une couverture de sol de plus de 75 %.
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