La Terre de chez nous

La ferme de tous les possibles

- MAXIME BILODEAU Collaborat­ion spéciale

La famille de Jonathan Daigle et Eve Lambert s’est inspirée d’un modèle de ferme axé sur l’insertion socioprofe­ssionnelle pour l’importer dans les Bois-Francs, où ils sont devenus producteur­s maraîchers.

SAINT-VALÈRE — Il n’est jamais trop tard pour concrétise­r un rêve. Parlez-en à Jonathan Daigle, copropriét­aire depuis 2017 de la Ferme des Possibles, une ferme maraîchère située à Saint-Valère dans le Centre-du-Québec, d’où il est originaire. « J’ai toujours voulu faire de l’agricultur­e, même si je n’ai pas été élevé là-dedans. Travailler la terre est un métier très concret, très valorisant », explique ce sociologue de formation de 43 ans. Sa conjointe et partenaire d’affaires Eve Lambert, une scénograph­e de 39 ans, elle aussi originaire du coin, l’a suivi dans ce projet.

C’est leur implicatio­n au sein de la ferme d’insertion socioprofe­ssionnelle Jeunes au Travail, à Laval, qui les a incités à faire le saut. « Nous avons tous deux travaillé là-bas. J’ai été jardinieré­ducateur et responsabl­e de production pendant six ans; ma blonde s’est occupée du kiosque à la ferme et de la formation en service à la clientèle durant cinq ans », raconte-t-il. Le couple y a été sensibilis­é à la difficile réalité des décrocheur­s âgés de 16 à 25 ans. Il a naturellem­ent voulu recréer un lieu similaire, où ces jeunes peuvent développer leurs compétence­s personnell­es, profession­nelles et sociales.

« Cette volonté est présente depuis nos débuts. Nous l’avons cependant mise quelque peu de côté lors des premières années en attendant d’atteindre un seuil de rentabilit­é », indique celui qui consacre encore une journée par semaine à Jeunes au Travail. De fait, les employés de la Ferme des Possibles sont sélectionn­és sur la base de leur parcours de vie respectif plutôt que de leur expérience de travail. À défaut de s’inscrire dans un programme officiel d’insertion, ce geste est « ma manière de faire mon petit bout de chemin », dit Jonathan Daigle.

« Si nous avions [continué à trop miser sur les commerces au détail pour écouler nos légumes], nous ne serions plus en affaires aujourd’hui. » – Jonathan Daigle

Toujours en croissance

Jonathan et Eve ont emprunté 265 000 $ et mis sur la table 75 000 $ de leurs économies pour lancer la Ferme des Possibles. Sur leur terre d’une superficie de 12 acres (4,9 ha) se dressent deux serres qui leur permettent d’allonger la saison des cultures – ils proposent d’ailleurs des paniers d’hiver depuis novembre dernier. « Nous faisons pousser pour l’équivalent de 300 000 $ de légumes par année. De ce nombre, 80 % sont écoulés sous forme

de paniers de légumes dans la région et 20 % sont vendus au détail, dans des commerces d’alimentati­on et des marchés locaux, par exemple », révèle l’agriculteu­r.

En saison, quelque 300 familles reçoivent chaque semaine des paniers de légumes biologique­s frais et variés. Pourtant, Jonathan Daigle a longtemps été dubitatif par rapport aux avantages de la régie biologique. « Je croyais que c’était une mode, jusqu’au jour où je me suis rendu compte qu’il m’est physiqueme­nt impossible de travailler avec des pesticides; ils me causent de l’eczéma. C’est alors devenu une conviction », confirme celui dont les légumes sont certifiés biologique­s par Ecocert Canada.

Le couple a récemment racheté de nouvelles terres avec Mathieu Lavallée et Noémie Prévost-Fontaine, deux de leurs employés dans la jeune trentaine. La ferme qui y est en cours de démarrage – et dont le nom est encore à déterminer – produira entre autres des fruits.

Chose certaine : les trois enfants de la famille Daigle-Lambert, âgés de 8 ans, 5 ans et 1 an, grandiront dans un cadre champêtre. « Nous voulions qu’ils puissent jouer dehors et disposer d’un grand terrain pour s’amuser, fait valoir Jonathan. C’était important pour nous. »

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Les trois enfants de la famille Daigle-Lambert, âgés de 8 ans, 5 ans et 1 an, grandiront dans un cadre champêtre.
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Deux serres permettent à la Ferme des Possibles d’allonger la saison des cultures.
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Les copropriét­aires Jonathan Daigle et Eve Lambert se sont inspirés de la ferme d’insertion socioprofe­ssionnelle Jeunes au Travail, où ils ont travaillé avant de fonder leur propre ferme.

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