Déception chez les agriculteurs bio
Les millions de dollars offerts aux agriculteurs pour leurs pratiques agroenvironnementales et pour améliorer la santé de leur sol demeurent une initiative positive, estime Pierre Labonté, président du Syndicat des producteurs de grains biologiques du Québec, mais décevante en même temps, puisque les producteurs bio appliquent déjà ces mesures depuis des années, arguet-il, sans pouvoir être rémunérés pour autant dans le nouveau programme de subventions annoncé par Québec. « C’est décevant. Je pensais qu’on serait admissibles, comme en Europe, où plus tu en fais, plus tu es rétribué », dit l’agriculteur du Centre-duQuébec. Précisons que les fermes en conversion vers l’agriculture biologique sont éligibles aux subventions.
Le directeur de la Fromagerie L’Ancêtre, Pascal Désilets, abonde dans le même sens, indiquant que les producteurs de lait qui approvisionnent la fromagerie sont certifiés bio depuis 30 ans, et qu’ils ont ainsi appris à cultiver leurs champs sans pesticides, sans engrais de synthèse ni fertilisants azotés, tout en ayant développé l’utilisation d’engrais verts. « Il en résulte des sols en santé avec des taux de matière organique largement au-dessus des 4 % visés par le plan d’agriculture durable. Cette matière organique représente des quantités de CO2 qui sont séquestrées dans nos terres agricoles plutôt que d’être libérées dans l’atmosphère et d’accentuer le réchauffement climatique », assure-t-il.
Le ministère québécois de l’Agriculture mentionne que les producteurs bio ne sont pas admissibles à deux des pratiques agroenvironnementales maintenant subventionnées, puisqu’elles figurent déjà dans le cahier de charges nécessaires à l’obtention de leur certification biologique. Il ajoute que ces pratiques sont déjà couvertes par une rémunération du marché (prime bio).