La Terre de chez nous

Quand on fait rimer gazon et houblon

- GENEVIÈVE QUESSY

La Ferme Bastien de Terrebonne se passe de père en fils depuis maintenant trois génération­s. À la suite de son père et de son frère, Daniel Bastien cultive gazon, houblon et grandes cultures sur leurs terres, situées en bordure de la rivière Mascouche, en partenaria­t avec son fils Alexandre.

TERREBONNE — La famille Bastien cultive du gazon en plaques depuis 1964, moment où Adrien Bastien a démarré sa première gazonnière de 8 arpents (2,7 ha), à Laval, dans le quartier Duvernay.

Désirant faire grandir son entreprise, il s’est mis à chercher un endroit qui lui permettrai­t d’avoir une plus grande superficie à cultiver. « Pourquoi on s’est retrouvé à Terrebonne? La vraie histoire, c’est que mon grand-père s’est perdu en voiture. Il s’est arrêté ici pour demander s’il pouvait téléphoner, puis il est tombé en amour avec la place! Il a dit aux propriétai­res que s’ils voulaient vendre un jour, il était intéressé à acheter. Quelques années plus tard, en 1969, ils l’ont appelé », raconte Alexandre Bastien.

L’endroit, situé dans une plaine en bordure de la rivière Mascouche, était idéal pour cultiver le gazon en plaques, qui fait la spécialité de Gazon Bastien. « Ce sont des terres de sable, qui se drainent bien, et la nappe phréatique est très haute. On a donc pu aménager plusieurs étangs artificiel­s, qui nous servent à irriguer les champs », explique Daniel Bastien.

En compagnie de son frère François, Daniel a pris la relève de la ferme lorsque leur père a pris sa retraite en 1986. En 1992, ils se sont lancés dans la culture de l’agrostide, une graminée qui peut être tondue très courte et qu’on utilise entre autres sur les terrains de golf. « On est encore les seuls au Québec à produire ça, ce qui nous permet d’en vendre dans les Maritimes et aux États-Unis », poursuit Daniel Bastien.

Parmi leurs réalisatio­ns figurent, en 2007, la création d’un gazon particulie­r pour le stade Saputo, domicile de l’équipe de soccer profession­nel le Club de Foot Montréal (ancienneme­nt l’Impact), puis en 2010, celle du gazon du stade olympique de Montréal, à l’occasion d’un match entre l’Impact et l’Associazio­ne Calcio Milan (AC Milan).

En 2008, Gazon Bastien a remporté le concours de l’Ordre national du mérite agricole. La même année, François a pris sa retraite, puis Alexandre, le fils de Daniel, s’est joint à lui pour gérer l’entreprise.

Père et fils ont depuis entrepris de diversifie­r leur production. Sur les 900 acres (964 ha) de terres cultivable­s, ils ont construit une houblonniè­re de 2,2 acres (0,9 ha) et se sont lancés dans les grandes cultures en vue de pratiquer une rotation des cultures.

« On a mis nos lunettes d’entreprene­urs et on s’est demandé comment rentabilis­er au maximum nos champs. Au lieu de laisser des champs vides quand le gazon est récolté, on a pensé semer du soya, des haricots, du blé. C’est une façon de protéger et nourrir la terre, et ça donne du travail à nos employés », dit Daniel Bastien.

En plus de cultiver plusieurs variétés de houblon, plante aromatique qui donne ses parfums et son amertume à la bière, les Bastien font sécher ses cônes et les transforme­nt en granules qu’ils ensachent directemen­t sur place.

Alexandre Bastien a élaboré son processus de production en vue de créer un produit de qualité. « Pour les plantes aromatique­s, les étapes du séchage et du conditionn­ement sont très importante­s si on veut préserver le plus possible les huiles essentiell­es. Notre façon de faire,

« La réussite est dans les détails. Il faut être à l’écoute de la nature et suivre son flair. Les prévisions météo c’est bien, mais le “pifomètre’’ c’est mieux. » – Daniel Bastien

c’est d’accomplir le processus en moins de 24 heures, dès la récolte effectuée. En ayant tous les équipement­s nécessaire­s sur place, on est en mesure de le faire. » Des microbrass­eries comme Oshlag et

la Brasserie Mille-Îles, entre autres, utilisent leur houblon pour aromatiser leurs bières.

En houblon comme en gazon, la poursuite de la qualité est au coeur de leurs préoccupat­ions. « Ça a toujours été ça pour nous. On vise la qualité, bien avant la quantité. Ça se traduit dans les plus petits détails. La clientèle qui recherche la qualité se retrouve dans ce qu’on fait », dit le producteur.

Daniel Bastien partage la vision de son fils. « La réussite est dans les petites choses. Il faut être à l’écoute de la nature et suivre son flair. Les prévisions météo c’est bien, mais le “pifomètre’’ c’est mieux », ajoute-t-il.

Avez-vous une famille à suggérer? redaction@laterre.ca / 1 877 679-7809

 ?? ?? Daniel Bastien et son fils Alexandre Bastien devant leur propriété enneigée, où l’on aperçoit la grange ancestrale de la ferme et le séchoir à houblon.
Daniel Bastien et son fils Alexandre Bastien devant leur propriété enneigée, où l’on aperçoit la grange ancestrale de la ferme et le séchoir à houblon.
 ?? ?? Près de la vieille grange de la ferme se trouve le magasin et les bureaux administra­tifs de Gazon Bastien.
Près de la vieille grange de la ferme se trouve le magasin et les bureaux administra­tifs de Gazon Bastien.

Newspapers in French

Newspapers from Canada