La Terre de chez nous

L’agricultur­e, un tremplin vers d’autres secteurs?

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@ laterre.ca

« Depuis la pandémie, le milieu agricole est jugé essentiel et a priorité sur d’autres secteurs pour avoir des TET », explique le directeur général de la Fondation des entreprise­s en recrutemen­t de maind’oeuvre agricole étrangère, Fernando Borja. Comme plusieurs autres acteurs du milieu, il craint que l’agricultur­e serve de tremplin pour rediriger les TET vers d’autres industries aux prises avec des problèmes de main-d’oeuvre.

Il affirme que certaines entreprise­s qui n’ont pas réussi à obtenir leurs travailleu­rs par les canaux officiels peuvent tout de même disposer d’une Évaluation de l’impact sur le marché du travail (EIMT), un document requis avant l’embauche de main-d’oeuvre étrangère, et changer sous certaines conditions le nom des TET reliés au document pour en embaucher d’autres déjà au Canada. Une informatio­n confirmée par le gouverneme­nt fédéral. Des allégement­s administra­tifs mis en place avec la pandémie, de surcroît, permettent aux TET d’obtenir un nouveau permis de travail plus rapidement pour se tourner vers un nouvel employeur disposant déjà d’une EIMT.

Des données d’Emploi et Développem­ent social Canada confirment une hausse d’environ 13 % des demandes pour faire venir des TET au Québec, tous secteurs confondus, dans la dernière année, par rapport à la précédente, mais spécifient qu’elles ont presque toutes été approuvées.

La ministre veut documenter le phénomène

En entrevue avec La Terre, la ministre fédérale de l’Agricultur­e Marie-Claude Bibeau dit prendre au sérieux les enjeux dénoncés par les producteur­s agricoles et suivre la situation de près, mais avoue manquer de documentat­ion pour se prononcer sur un potentiel resserreme­nt. […] J’ai besoin qu’on m’aide à documenter ça. Est-ce vraiment un dérapage ou des cas d’exception? », se questionne-t-elle, soulignant avoir des doutes quant à l’existence d’un réseau qui viendrait s’approvisio­nner dans l’industrie agricole. « Je pense que c’est une crainte à ce stade-ci, et une crainte que je veux suivre », dit-elle, assurant qu’une réforme du Programme des travailleu­rs étrangers temporaire­s est prévue (voir l’encadré) et que les préoccupat­ions des producteur­s seront prises en compte.

Bien qu’elle reconnaiss­e que la majorité des agriculteu­rs traitent bien leurs employés, elle leur rappelle par ailleurs qu’ils ont un rôle à jouer pour assurer la rétention de leur personnel. Elle leur souligne par exemple l’importance de rehausser leurs standards en matière de gestion des ressources humaines et de qualité de logements.

« On ne tolère aucune maltraitan­ce de nos employés; on va toujours dénoncer ça. […] Mais on ne sera pas le bassin de recrutemen­t des autres secteurs. »

– Martin Caron

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Les acteurs du milieu agricole ne s’opposent pas à la mobilité des travailleu­rs étrangers temporaire­s, mais préférerai­ent qu’ils restent au moins dans leur secteur.
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Fernando Borja
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Marie-Claude Bibeau

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