Moratoire sur les nouveaux projets porcins
Les Éleveurs de porcs du Québec ont annoncé le 18 février qu’ils n’émettront plus de volumes de référence (VDR), lesquels limitent la quantité de porcs pouvant être produite par producteur par semaine. Ceci aura pour effet de bloquer tous les nouveaux projets de construction d’engraissement porcins entrepris après le 19 novembre 2021, date à laquelle les éleveurs ont été informés d’un risque d’excédent de production.
L’objectif de cette mesure, que les Éleveurs ont le pouvoir de décréter dans le cadre de l’article 1.23 du Règlement sur la production et la mise en marché des porcs, est d’arriver à mieux gérer les surplus d’animaux qui découleront de la baisse des achats de 10 000 porcs québécois par semaine par le transformateur Olymel à partir du 28 février.
Les Éleveurs de porcs sont d’ailleurs tenus de fournir à Olymel une liste des sites de production qui seront retirés des assignations à partir de cette date. Une cinquantaine d’entreprises de productions porcines indépendantes, qui ne sont pas affiliées à Olymel, risquent d’être touchées plus durement que les autres.
Les Éleveurs soutiennent néanmoins que dans le cadre de ces réductions d’achats imposées par Olymel, tous « seront traités équitablement, peu importe leur modèle d’affaires (indépendant, à forfait, porcs du propriétaire), leur abattoir d’assignation ou leur acheteur », ont-ils écrit dans un message adressé à leurs membres le 10 février. Selon eux, la mise en place « de mesures exceptionnelles de gestion des surplus », par l’entremise des VDR assignés à chacun des sites de la province, et une opération de détournement des porcs à l’extérieur du Québec permettront de limiter au maximum les effets négatifs de cette réduction d’achat.
Pas de pression pour faire annuler la décision de la Régie
L’Union des producteurs agricoles (UPA) et les Éleveurs de porcs du Québec ont par ailleurs écarté la suggestion du Syndicat des éleveurs de porcs de Lanaudière-Outaouais-Laurentides, qui leur demandait dans une résolution adoptée le 11 février de faire pression sur le gouvernement pour que ce dernier annule la décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec rendue le 23 décembre. Rappelons que cette décision a autorisé la baisse d’achats de 530 000 porcs québécois par année par Olymel. « C’est très dur de faire annuler une décision de la Régie. Juste pour la suspendre, c’est très compliqué. Ça prend l’intervention du ministre », explique Martin Caron, président de l’UPA, en entrevue avec La Terre. Ce dernier s’est toutefois engagé à soutenir les Éleveurs de porcs du Québec pour obtenir du ministre de l’Agriculture du Québec, André Lamontagne, la mise en place d’un plan d’aide financière de transition pour soutenir les éleveurs concernés par la décision d’Olymel.
« On en appelle également à la solidarité de tous, autant du gouvernement que de toute la filière, pour soutenir certains producteurs dans ces quelques mois où ce sera plus difficile », ajoute M. Caron. Car selon lui, la situation devrait être temporaire, le temps qu’Olymel arrive à recruter les travailleurs étrangers qui lui manquent pour pouvoir augmenter la cadence d’abattage et de découpe dans ses usines.