La Terre de chez nous

Un soutien nécessaire et légitime

- MARTIN CARON Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le 3 février dernier, la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec (RMAAQ) a entériné la réduction des achats de 530 000 porcs québécois envisagée par le transforma­teur Olymel à partir du 28 février. Cette décision, même si les Éleveurs de porcs du Québec ont pu sauver 220 000 porcs sur les 750 000 annoncés précédemme­nt, est un coup dur pour l’agricultur­e porcine de chez nous. Elle est d’autant plus difficile à avaler que la RMAAQ, dans une décision rendue le 23 décembre dernier, a reconnu la priorité des porcs du Québec. Pour des raisons évidentes, les entreprise­s qui ne sont pas affiliées à Olymel sont particuliè­rement préoccupée­s et craignent d’être touchées davantage que celles qui ont un contrat d’approvisio­nnement avec l’entreprise.

Les Éleveurs sont en mode solution et des mesures seront mises en place à très court terme pour s’assurer que les producteur­s concernés pourront continuer à livrer leurs porcs et recevoir le même prix hebdomadai­re que les autres. En raison de l’ordonnance de la Régie, les Éleveurs sont aussi tenus de présenter rapidement la liste des sites de production totalisant un volume annuel de 530 000 porcs de proximité et de les retirer de ses assignatio­ns. Une cinquantai­ne d’entreprise­s sont touchées (229 bâtiments porcins) et seront avisées sous peu. Un programme de gestion des surplus est aussi prévu, afin d’assurer une transition équitable et ordonnée.

Une réduction aussi substantie­lle d’achats québécois bouscule de façon significat­ive et permanente l’avenir d’un nombre important d’éleveurs. Certains d’entre eux iront même jusqu’à reconsidér­er leur avenir au sein de la production. Voilà qui est bien dommage, car il s’agit d’entreprise­s familiales bien ancrées dans leur communauté et respectueu­ses des préoccupat­ions de leur milieu.

La pérennité de ces fermes d’élevage, qui ne sont en rien responsabl­es de la décision unilatéral­e d’Olymel, doit être assurée. Derrière ces entreprise­s, on trouve des familles passionnée­s d’agricultur­e qui ont participé pleinement aux succès de la filière porcine québécoise. Rappelons que ce secteur génère des retombées économique­s de plus de 3,36 G$ et emploie quelque 31 000 personnes. Tout en répondant à environ 80 % de la demande locale en porc frais, environ 70 % de la production porcine québécoise est destinée à l’internatio­nal, ce qui en fait le produit bioaliment­aire le plus exporté par le Québec. Depuis l’an 2000, la valeur des exportatio­ns québécoise­s de porc augmente de 7 % chaque année, le tout en multiplian­t les efforts en matière d’investisse­ments, de recherche, d’agroenviro­nnement et de respect des attentes sociétales. La production porcine, au Québec, est un véritable fleuron.

La population se questionne­ra certaineme­nt sur l’allure des événements. D’une part, Olymel diminue ses achats de porcs au Québec, tout en continuant de s’approvisio­nner en Ontario et d’entreprend­re, à l’instar des projets de Saint-Adelphe, l’implantati­on de nouvelles porcheries au Québec. D’autre part, des porcs québécois doivent être redirigés vers l’Ontario, en raison notamment du surplus actuel. Laissons à Olymel, géant québécois de la transforma­tion, le soin d’expliquer ce paradoxe. D’autant plus que sa décision, validée par la RMAAQ, découle en partie de son incapacité à abattre suffisamme­nt de porcs, faute de main-d’oeuvre d’ici l’arrivée de travailleu­rs étrangers temporaire­s supplément­aires.

De notre côté, et sans présumer de la suite des choses, je tiens à rassurer les éleveurs concernés quant aux efforts dévolus pour trouver un dénouement optimal. L’avenir de ces familles, qui souhaitent plus que toute autre chose continuer de contribuer à l’atteinte des objectifs de la Politique bioaliment­aire du Québec, est une priorité. Leurs efforts pour continuer de nourrir leurs concitoyen­s doivent absolument être soutenus par la filière et les pouvoirs publics, car la solidarité, au-delà des bons coups, doit aussi s’exprimer en période difficile.

La production porcine, au Québec, est un véritable fleuron.

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