La Terre de chez nous

Le point sur le combat du bois

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

Les producteur­s de bois de la forêt privée, les acheteurs de bois (scieries) et certains grands propriétai­res de lots boisés se livrent présenteme­nt une guerre de tranchées qui assombrit leurs relations tout en coûtant une fortune en frais d’avocats.

À la base du conflit se trouve la volonté des producteur­s de trois régions de négocier collective­ment le prix de leur bois destiné à l’industrie du sciage. Ils veulent un meilleur prix, et aussi gérer les livraisons de bois, ce qui ne plaît pas à des usines de sciage et à des entreprene­urs.

Au cours de la dernière année, les producteur­s forestiers du Sud du Québec ainsi que de la Côte-du-Sud, secteur situé à l’est de Québec, ont vu leur demande respective de négocier collective­ment la mise en marché du bois de sciage être refusée par la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec. Elle a tranché en faveur des arguments des opposants dans le cas du Sud du Québec. Même s’il a été secoué par cette décision, le président du Syndicat des producteur­s forestiers du Sud du Québec, André Roy, compte revenir à la charge devant la Régie. « Il y a énormément de producteur­s indignés [de ne pas recevoir leur part de la hausse du prix du bois]. On a l’intention de régler ça cette année. La volonté des producteur­s est là », affirme-t-il.

De son côté, le Syndicat des propriétai­res forestiers de la région de Québec avait réussi à faire approuver, en juillet dernier, un plan conjoint sur le bois de sciage par la Régie. Mais des opposants, dont quatre scieries, le contestent présenteme­nt devant la Régie. De plus, le directeur du Syndicat, Vincent Lévesque, rapporte de graves difficulté­s à faire accepter ce plan conjoint aux dirigeants de l’ensemble des scieries de sapins et d’épinettes de sa région. « Ils ont comme mot d’ordre très visible de ne pas négocier le prix avec nous. Certains d’entre eux ont demandé à la Régie de l’annuler ou de le modifier [le plan conjoint]. On fait face à une grande opposition. C’est difficile et exigeant financière­ment », résume-t-il. M. Lévesque précise qu’un ou deux avocats représente­nt chacun des opposants. « Ça représente plusieurs centaines de milliers de dollars en frais d’avocats pour l’industrie contre nous », analyse-t-il.

Une gestion de risque à partager

Le directeur du Conseil de l’industrie forestière du Québec, Jean-François Samray, ne veut pas commenter le cas du plan conjoint du Syndicat des propriétai­res forestiers de la région de Québec en raison de la tenue des audiences devant la Régie ces jours-ci. Il affirme cependant que la hausse du prix du bois d’oeuvre depuis 2020 ne représente pas l’ensemble du portrait. D’une part, les scieries ont de la difficulté à obtenir un bon prix pour l’écorce, les copeaux et autres coproduits, qui représente­nt près de 50 % d’une bille de bois lorsqu’elle est sciée en planches, explique-t-il. D’autre part, il souligne que les scieries ont été déficitair­es pendant près d’une décennie.

M. Samray insiste sur la notion de gestion de risque qui, selon lui, repose entièremen­t sur les épaules des scieries présenteme­nt. Il dit que les producteur­s de bois peuvent décider de ne pas récolter leurs arbres si les prix offerts sont bas, tandis que les scieries doivent affronter des marchés changeants, parfois à perte. Il milite pour que les producteur­s et les acheteurs s’entendent sur un mécanisme qui partagera le risque des marchés équitablem­ent. Il aimerait aussi que l’entente prévoie un concept d’approvisio­nnement prévisible, autant en quantité qu’en qualité, avec des dates de livraison prévues et respectées de la part des producteur­s.

 ?? ??
 ?? ?? Les producteur­s de bois, les scieries et certains grands propriétai­res de lots boisés sont en confrontat­ion dans trois régions du Québec relativeme­nt à la mise en place d’une mise en marché collective du bois de sciage.
Les producteur­s de bois, les scieries et certains grands propriétai­res de lots boisés sont en confrontat­ion dans trois régions du Québec relativeme­nt à la mise en place d’une mise en marché collective du bois de sciage.
 ?? ?? Vincent Lévesque
Vincent Lévesque

Newspapers in French

Newspapers from Canada