La Terre de chez nous

L’amour et l’homosexual­ité dans le pré

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Depuis l’émergence de la pandémie, il est encore plus ardu de rencontrer l’âme soeur. Ce contexte mondial s’ajoute aux obstacles déjà présents dans le monde agricole pour trouver sa tendre moitié. En effet, faire des rencontres avec des personnes d’une autre région et avoir du temps à consacrer à l’évolution de cette relation n’est pas évident lorsqu’on est producteur ou productric­e. Déménager sa ferme pour suivre l’être aimé n’est pas une option. La série télévisée L’amour est dans le pré (L’ADLPRÉ) offre la possibilit­é à certains d’entre eux de croiser le chemin de la perle rare potentiell­e. Mais qu’arrive-t-il à ceux qui n’ont pas trouvé l’amour? J’ai eu la chance d’en discuter avec Samuel Larochelle, participan­t homosexuel à la saison 9 de L’ADLPRÉ.

Samuel est originaire d’un petit village de ChaudièreA­ppalaches. Il a vécu à Montréal quelques années et a constaté que même en ville, où le bassin de personnes homosexuel­les est plus élevé qu’en campagne, ce n’est pas évident de rencontrer une personne avec qui partager sa vie. N’ayant pas trouvé l’amour dans la grande ville, il a décidé de s’inscrire à L’ADLPRÉ pour pouvoir rencontrer une personne « sous le radar », qu’il n’aurait probableme­nt pas croisée autrement.

Même s’il n’a pas été « choisi », Samuel ne regrette aucunement son expérience. Il explique que le processus de l’émission est très bien conçu, profession­nel et sérieux. Les candidats savent à quoi s’attendre en termes de compromis, en regard du mode de vie, et sont prêts à faire un changement domiciliai­re si nécessaire. Samuel est toujours célibatair­e. Toutefois, sa participat­ion lui a donné une belle visibilité lui permettant de se faire connaître d’hommes d’un peu partout. Il a reçu plusieurs messages, mais de retour dans sa région natale, et ayant le souci de ne pas ramener la COVID-19 à la ferme familiale, il a mis un frein au dating.

Des répercussi­ons positives

Il a vécu son expérience de L’ADLPRÉ sans grand stress et il n’y voit que du positif, d’autant plus si l’on considère les répercussi­ons qu’a eu l’inclusion de l’homosexual­ité depuis les deux dernières saisons. Ébranlé par les histoires d’agriculteu­rs homosexuel­s reniés par leur famille, il constate notamment qu’il y a davantage de coming outs dans la région, que de plus en plus de producteur­s et productric­es agricoles homosexuel­s s’affichent et recherchen­t publiqueme­nt l’amour. Il a reçu des témoignage­s de parents qui ont pu ouvrir la discussion sur l’homosexual­ité avec leurs enfants en écoutant l’émission. Second vice-président de l’organisme Fierté agricole pendant deux ans et toujours impliqué à ce jour, Samuel croit que des gens aux valeurs plus « traditionn­elles » ou certains individus homophobes ont pu rectifier quelques préjugés grâce à L’ADLPRÉ.

Samuel croit fermement que les émissions qui brossent un portrait juste de la réalité agricole et des enjeux vécus contribuen­t à sensibilis­er la population à l’importance de l’agricultur­e et à défaire des mythes sur les producteur­s. D’un côté, de plus en plus d’agriculteu­rs recherchen­t un conjoint ou une conjointe qui a son propre métier, donc qui ne travailler­a pas nécessaire­ment à la ferme. Ils ne recherchen­t plus une « employée ». De l’autre, il y a une plus grande ouverture au monde agricole, ce qui permet à certaines personnes d’approcher davantage les agriculteu­rs dans l’optique d’une rencontre amoureuse.

Finalement, Samuel invite les producteur­s et productric­es agricoles en quête d’amour à saisir toutes les occasions à leur dispositio­n pour augmenter leurs chances de rencontrer quelqu’un : participer à des sorties sociales, parler avec leur entourage, donner une chance aux réseaux de rencontre (Tinder, Grindr, Agrirencon­tre, Facebook Match, etc.), et participer à L’ADLPRÉ. Il croit fortement au potentiel conjugal de l’émission, qui a permis de créer 15 couples et 27 bébés (bientôt 28!). Enfin, Samuel conseille aux gens d’apprendre d’abord à s’aimer et à être en paix avec soi-même avant d’ouvrir leur porte à l’autre.

Samuel a reçu des témoignage­s de parents qui ont pu ouvrir la discussion sur l’homosexual­ité avec leurs enfants en écoutant l’émission.

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