La Terre de chez nous

Le cancer d’un travailleu­r étranger reconnu comme maladie profession­nelle

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@ laterre.ca

Le Tribunal administra­tif du travail a reconnu le cancer développé par un travailleu­r étranger temporaire (TET) comme une maladie profession­nelle potentiell­ement attribuabl­e à son exposition à des pesticides.

Armando Lazo Bautista, un ouvrier agricole d’origine mexicaine, était à l’emploi des Vergers Ivanhoë Faille, de 2012 à 2016. En août 2016, le travailleu­r a reçu un diagnostic de lymphome non hodgkinien. Plusieurs mois plus tard, ce dernier a fait une réclamatio­n pour maladie profession­nelle à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), estimant que son cancer était relié à son exposition à des pesticides dans le cadre de son emploi.

La CNESST a d’abord déclaré irrecevabl­e la demande, puisqu’elle aurait été produite au-delà du délai prévu par la Loi sur les accidents du travail et les maladies profession­nelles. Après révision néanmoins, le tribunal administra­tif a finalement infirmé la décision rendue par la CNESST, dans un rapport déposé en décembre, qui penche en faveur du plaignant. Le travailleu­r, décrète-t-on, a donc droit aux prestation­s et aux indemnisat­ions de la CNESST prévues selon la loi.

« La question n’est aucunement d’imputer une quelconque faute ou responsabi­lité à l’une ou l’autre des parties, spécifie-t-on dans le rapport. Le tribunal conclut que le travailleu­r […] a démontré, de manière prépondéra­nte, que sa maladie a été contractée à l’occasion du travail et qu’elle est reliée aux risques particulie­rs de celui-ci », ajoute-t-on. Sans faire un lien direct entre les pesticides et la condition médicale d’Armando Lazo Bautista, le tribunal n’écarte pas une possible corrélatio­n entre les deux et estime que le travailleu­r ne disposait pas de suffisamme­nt de protection lorsqu’il oeuvrait à la ferme, bien que son employeur ait plaidé le contraire.

« C’est souvent difficile de faire ce lien entre une maladie et les pesticides. Mais nous, on a été capables de montrer que des produits sont jugés cancérigèn­es par l’OMS [Organisati­on mondiale de la santé] et que le travailleu­r a été en contact avec certains de ces produits. Le tribunal a décidé qu’un lien était hautement probable », soutient le coordonnat­eur du Réseau d’aide aux travailleu­ses et travailleu­rs migrants agricoles du Québec, Michel Pilon, qui a accompagné le TET dans ses démarches.

Contacté par La Terre, l’employeur a quant à lui assuré que ses travailleu­rs disposent de gants, masques, salopettes, et de tout le matériel requis pour assurer leur sécurité.

 ?? ?? Un travailleu­r étranger temporaire aura droit aux indemnisat­ions de la CNESST prévues à la Loi sur les accidents du travail et les maladies profession­nelles parce qu’un lien est jugé probable entre son cancer et des pesticides avec lesquels il a été en contact dans le cadre de son travail à la ferme.
Un travailleu­r étranger temporaire aura droit aux indemnisat­ions de la CNESST prévues à la Loi sur les accidents du travail et les maladies profession­nelles parce qu’un lien est jugé probable entre son cancer et des pesticides avec lesquels il a été en contact dans le cadre de son travail à la ferme.

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