Un abattoir presque sans déchet
Les abattoirs doivent aussi gérer des quantités importantes de résidus animaux. Si la majorité d’entre eux, comme Exceldor ou Olymel, expédie ses rebuts vers les usines d’équarrissage de Sanimax, le petit abattoir Rolland Pouliot et Fils, situé à Saint-Henri, dans Chaudière-Appalaches, a choisi de faire les choses autrement. « On est le premier abattoir à s’être lancé dans le compostage », affirme fièrement Patrice Pouliot, l’un des propriétaires de l’entreprise.
Cette initiative a demandé un investissement majeur d’environ 400 000 $ pour les recherches qui se sont déroulées pendant plus de trois ans en collaboration avec le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ). Dès l’obtention d’un permis de compostage en 2006, l’entreprise a déboursé 600 000 $ supplémentaire pour la construction du bâtiment fermé de 20 mètres de large par 60 mètres de long. Ce dernier est constitué de huit divisions, appelées « cellules », et d’un plancher ventilé. Un tracteur transporte la matière d’une division à l’autre au fil des étapes de décomposition, qui nécessite près de deux ans avant de pouvoir être utilisée sur des terres agricoles comme engrais. Cette longue période s’explique par la quantité importante de matière qui est envoyée dans le bâtiment, soit entre 10 et 12 mètres cubes par semaine, explique M. Pouliot.
Il ne regrette aucunement cet investissement qui lui permet de transformer 90 % de ses déchets animaux. « Est-ce que c’est rentable d’avoir pris cette décision? Je ne peux pas dire que oui, mais je suis indépendant, et ça a une grande valeur pour moi aujourd’hui. J’ai aussi des terres agricoles, donc c’est un avantage de pouvoir utiliser mon compost », dit-il.
« L’année dernière, Sanimax nous a annoncé qu’il ne ramassait plus les peaux d’agneaux. Les autres abattoirs ont été pris pour les envoyer dans les sites d’enfouissement. Ça coûte une fortune, et l’été, ça pue! Ici, on peut les composter avec le reste. »
– Patrice Pouliot
À plus petite échelle
Ce modèle de compostage « par cellules » est aussi utilisé à plus petite échelle. Au tournant des années 2000, le producteur porcin René Gendron est parmi les premiers à l’avoir testé pour sa maternité porcine située à Saint-Robert en Montérégie, dans le cadre d’un projet pilote mené par les ministères de l’Environnement et de l’Agriculture du Québec.
L’installation est très simple : une structure de béton comportant quatre compartiments protégés par un toit. Dans la première section, les carcasses fraîches sont mélangées avec la même quantité de copeaux de bois. « Il n’y a rien de mécanique, donc rien qui brise. Il suffit de changer le compost de section à travers les étapes de décomposition. Ça demande un peu de manipulation, mais on s’est habitués, et on ne referait plus autrement », indique le producteur. À l’aube de la retraite, il regarde encore cette installation comme un atout pour sa maternité porcine, notamment parce qu’il n’y a pas de camions de transport d’animaux morts qui transitent à proximité des installations.