Agriculteurs et hommes d’affaires
Depuis près de 120 ans, l’agriculture fait partie du quotidien de la famille Raymond de Rivière-du-Loup. On constate aussi chez elle un réel sens des affaires. Saisir les occasions est important pour assurer la réussite de la Ferme Raymond et Fils, comme en témoigne Louis, qui forme la 4e génération.
RIVIÈRE-DU-LOUP – À 81 ans, Régent Raymond est toujours actif à la ferme. « Je travaille autant qu’à 40 ans, mais je suis juste un peu plus fatigué le soir », lance-t-il avec fierté. C’est son grandpère, Ernest, qui a acheté la terre en 1903. « Il l’a payée 3 500 $, ce qui était cher pour l’époque », dit-il. Puis ce sont ses parents, Henri et Marie-Laure, qui ont repris les rênes de l’entreprise laitière. Le couple a eu 11 enfants, dont
Régent et Georges, qui ont racheté la ferme familiale de leur mère au début des années 1980. La dame a vécu jusqu’à cent ans.
En 1981, Régent et Georges ont converti l’entreprise en élevage ovin. « On avait 650 moutons », ajoute l’octogénaire. Le troupeau touché par la tremblante du mouton a dû être abattu en 1998. Le gouvernement canadien a remboursé 50 % de la valeur du cheptel, ce qui a permis à Régent de revenir à un élevage de vaches laitières la même année, un an après le décès de Georges des suites d’un cancer du pancréas en 1997.
L’arrivée de Louis
Régent et son épouse, Nicole SaintPierre, ont eu trois enfants, deux filles et un garçon. « Dès que Louis a été en mesure de soulever une balle de foin, il a commencé à travailler à la ferme », raconte M. Raymond. Louis a obtenu ses premières actions en 1998. Il est maintenant actionnaire principal, bien que son père possède encore quelques parts dans l’entreprise.
Au fil des ans, les Raymond ont acheté du quota laitier. Ils ont aujourd’hui 78 vaches en lactation sur un troupeau de 125 têtes. Un agrandissement en cours de 50 pieds sur 40 pieds du bâtiment principal permettra d’accroître la taille du troupeau jusqu’à cent vaches laitières. « On livre présentement près de 100 kilos de matière grasse par jour », souligne Louis. La régie et le confort des animaux, deux éléments très importants pour la famille Raymond, seront aussi améliorés, dit-il.
Régent aime bien mentionner que certaines de leurs vaches ont donné du lait jusqu’à 15 ans. C’est la preuve, croit-il, qu’elles sont bien traitées. Les propriétaires n’ont d’ailleurs pas hésité à équiper les stalles de bons matelas confortables.
Même si Régent effectue encore plusieurs travaux, notamment lors des labours et des semences, Louis emploie deux travailleurs guatémaltèques. Il est très satisfait de leur travail, car, dit-il, ils
« Je travaille autant qu’à 40 ans, mais je suis juste un peu plus fatigué le soir. » – Régent Raymond
sont très fiables et ne comptent pas les heures. « Pour eux, c’est une belle façon d’accroître leur qualité de vie puisqu’ils font de bien meilleurs salaires ici qu’ils feraient dans leur pays », souligne le producteur de 42 ans.
Louis Raymond est père de famille monoparentale de deux garçons, Jordan, 6 ans, et Jacob, 5 ans. Il se réjouit de l’intérêt que ses deux fils portent déjà
à l’agriculture. Louis en profite aussi pour rendre hommage à sa mère, Nicole, qui lui donne un important coup de main pour élever ses enfants quand il travaille. Mme Saint-Pierre a de plus toujours été très présente auprès de son mari quand il s’occupait plus activement de l’entreprise.
La bosse des affaires
Louis ne cache pas avoir réussi quelques bons coups dans sa carrière d’agriculteur. Il a fait l’acquisition de deux fermes voisines pour la production de fourrage et mis les bâtiments en location. Les Raymond cultivent quelque 223 hectares (550 acres) pour les besoins de leurs animaux. La majorité de la culture est en fourrage. Ils produisent une quarantaine d’hectares (100 acres environ) d’orge et d’avoine chaque année pour assurer la rotation des cultures. « Nous avons aussi fait du transport d’animaux entre 1999 et 2009, ce qui a permis à l’entreprise de prendre de la vigueur », ajoute Louis Raymond. Ce dernier est de plus un homme d’affaires très actif dans le domaine de l’immobilier (voir l’encadré du bas).
Mentionnons en terminant qu’avant le retour à la production laitière, Louis a aussi fait de la de motoneige (courses d’accélération), ce qui l’a amené à voyager à travers le Québec. La charge de travail que représentait le retour des vaches laitières l’a cependant obligé à renoncer à participer à ces compétitions.