La Terre de chez nous

Plus de 100 ans d’expérience dans les sucres

Normand Urbain, assisté de sa conjointe Annie St-Onge dans la gestion de leur entreprise acéricole de Sainte-Julienne, dans Lanaudière, a pour vision de toujours améliorer la santé et l’équilibre de l’érablière reçue de ses aïeux, pour un jour la transmet

- GENEVIÈVE QUESSY Collaborat­ion spéciale

« Je veux faire un produit d’exception, c’est ma motivation. »

– Normand Urbain

SAINTE-JULIENNE – L’eau d’érable coule enfin à l’Érablière Urbain de SainteJuli­enne, dans Lanaudière, un peu plus tard qu’ailleurs dans la province. « On commence souvent plus tard au printemps, mais la saison se poursuit, quand ailleurs, c’est déjà fini », dit Normand Urbain.

Après son père Rolland et à la suite de son grand-père et de son arrière-grandpère maternel, Normand Urbain a repris l’érablière familiale, avec sa conjointe Annie St-Onge. Leurs enfants Antoine et Florence représente­nt fièrement la 5e génération.

Normand Urbain admire le réseau de tubulures flambant neuves qu’il inaugure cette année dans son érablière de 56 hectares, gérée en mode biologique depuis 2008, où il compte 8 600 entailles, bientôt 9 000. « Pendant longtemps, j’avais l’impression qu’il fallait respecter ce qui était là, ne rien toucher, par respect pour ce que mes ancêtres avaient fait avant moi. Puis, j’ai réalisé qu’il ne fallait pas s’accrocher au passé. Maintenant, j’améliore les installati­ons à mon goût. C’est ce qu’ils ont fait eux-mêmes. »

C’est quand un incendie a détruit une partie de l’érablière en 2000, que Normand, qui se destinait à autre chose, a pris la décision de prendre la relève. « Mes parents ont toujours été là pour moi, c’était normal que je sois là pour eux. »

Et la relève…

Depuis quelques années, Antoine, 14 ans, apprend le métier d’acériculte­ur. « J’entaille les érables, j’installe les lignes, je fais les réparation­s. Au printemps passé, pendant que l’école se faisait à distance à cause de la COVID, j’ai passé un mois ici avec mon père. » Une expérience que tous les deux semblent avoir fort appréciée.

Florence, huit ans, est tout aussi indispensa­ble dans l’équipe. « J’aide à tenir les tubes quand on les installe, laver les équipement­s, passer le balai! » dit-elle. Mais surtout, mentionne son père en rigolant : « Elle est très bonne pour se faufiler et aller nettoyer des endroits inaccessib­les que personne d’autre ne peut atteindre! » C’est aussi elle qui fait jouer et courir le chien Buddy, soutien moral de la famille. Au passage de

La Terre, la petite Florence courait avec lui dans les chemins qui traversent l’érablière enneigée. Les feuilles dorées des hêtres resplendis­saient sous le soleil du printemps.

« Je fais attention de laisser des essences compagnes quand je débroussai­lle. Même si la norme est d’entailler les arbres à partir de huit pouces de diamètre, moi j’entaille à dix pouces, car je pense que trop s’approcher du coeur les affaiblit. La santé de ma forêt est primordial­e. Je l’emprunte à mes enfants et petits-enfants, c’est comme ça que je vois ça », dit Normand Urbain.

Leur maman, Annie St-Onge, s’implique sur le plan de l’administra­tion, même si elle occupe un emploi à l’extérieur à temps plein. « J’ai aussi appris de Lise, la mère de Normand, décédée en 2019, à fabriquer les sous-produits, beurre, cornets, et autres, que je vends à notre domicile quand c’est la saison. C’est moi qui m’occupe du marketing, des réseaux sociaux et des relations avec la clientèle. » Encore tout récemment, elle occupait un emploi aux Producteur­s et productric­es acéricoles du Québec (PPAQ).

S’impliquer dans la cause des acériculte­urs et la communauté, c’est tout naturel dans la famille. Rolland Urbain, décédé en 2018, est bien connu pour les combats qu’il a menés en tant que président du Syndicat des producteur­s acéricoles de Lanaudière, de 1995 à 2016. Normand, tout comme son père, est administra­teur au sein du syndicat régional en plus d’être conseiller municipal à Repentigny, lieu de résidence de la famille.

« C’est incroyable le chemin qu’on a parcouru, les acériculte­urs. Autrefois, c’était une activité familiale, complément­aire. Maintenant, c’est devenu une industrie qui fait vivre des gens dans des endroits où c’est parfois difficile. Ici, ça fait plus de 100 ans qu’on est là. On a vécu les pluies acides dans les années 1980, le verglas de 1998, et un incendie en 2000, et on a emmené l’érablière au niveau où elle est rendue aujourd’hui », rappelle Normand Urbain, tandis que la fierté brille dans les yeux de toute la famille réunie.

« Pendant 45 ans, mon grand-père a exploité l’érablière, déjà dans la famille avant lui, et mon père à sa suite pendant 42 ans. »

– Normand Urbain

 ?? ?? Antoine Urbain, Annie St-Onge, Florence Urbain, Normand Urbain et le chien Buddy au milieu de l’Érablière Urbain, située à Sainte-Julienne.
Antoine Urbain, Annie St-Onge, Florence Urbain, Normand Urbain et le chien Buddy au milieu de l’Érablière Urbain, située à Sainte-Julienne.
 ?? ?? L’érablière Urbain de Sainte-Julienne, où l’on produit du sirop d’érable certifié biologique destiné à être vendu en vrac.
L’érablière Urbain de Sainte-Julienne, où l’on produit du sirop d’érable certifié biologique destiné à être vendu en vrac.
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Normand Urbain montre les différents systèmes créés sur mesure dans la station de pompage de l’érablière.
 ?? ?? Antoine Urbain et son père, Normand Urbain, sont prêts pour la saison des sucres 2022.
Antoine Urbain et son père, Normand Urbain, sont prêts pour la saison des sucres 2022.

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